Deux mois après le dépôt d’une plainte contre la RATP par l’association Respire pour tromperie sur la présence importante de particules fines dans l’air à l’intérieur du métro parisien, deux nouvelles plaintes ont été déposées par un syndicat non représentatif et un groupe d’une vingtaine d’usagers.
Le Syndicat autonome Tout RATP (SAT-RATP) a porté plainte le 25 mai contre son employeur pour «mise en danger d’autrui» et «blessures involontaires». L’association pointe notamment une surmortalité chez les employés «due à des niveaux de pollution alarmants» révélée dans une étude interne, ainsi que le refus de la direction de «communiquer les informations détaillées de cette étude».
Cité par Le Parisien, un délégué syndical a espéré que les responsables pourraient «donner des réponses».
La RATP a réfuté ces allégations et réaffirmé son engagement pour l’amélioration de la qualité de l’air via un communiqué.
Une plainte précédente
L’association Respire, à laquelle ce syndicat s’est joint pour poursuivre la RATP, se bat depuis des mois pour inciter la compagnie à reconnaître une pollution excessive menaçant la santé de ses employés et à mettre en place des mesures adéquates.
En janvier 2021, l'association a publié une étude portant sur les niveaux de pollution de l’air dans 10 stations de métro différentes, mesurés par un appareil contrôlé et validé au Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement du CNRS à Orléans. Les conclusions ont été formellement démenties par la RATP dans un communiqué.
Affirmant réaliser régulièrement le suivi de la qualité de l’air, elle a pointé le fait que l’étude menée par Respire avait été faite par des capteurs portatifs dont les «résultats peuvent être plus indicatifs que véridiques».
Fin mars, Respire a engagé des poursuites judiciaires contre la RATP pour «tromperie aggravée» et «blessures involontaires». Elle a été accusée de ne pas informer les passagers du niveau «critique» de pollution.
Des évaluations antérieures
Une étude similaire a été menée par Le Parisien en mars 2019, laquelle a démontré une présence de particules fines (PM 2,5) 30 fois plus importante sur les quais qu’à l’extérieur. La taille de ces particules susceptibles de provenir des freins des trains leur permet de pénétrer profondément dans les poumons, précise le quotidien.
Alors que l’Organisation mondiale de santé désignait la norme de 10 µg/m3 par an pour la pollution aux particules fines, et l’Union européenne au niveau de 25 µg/m3 par an, l’air de Pont-de-Neuilly présentait 116 µg/m3 en une seule journée. Ce alors qu’à l’extérieur de la station la pollution était de 7 µg/m3.
En réagissant aux résultats de cette étude, l'Unsa-RATP s’est dite préoccupée par la santé du personnel. Cependant, l’exploitant a affirmé agir dans les règles, le Code du travail ne réglementant pas le seuil de concentration des PM10 mais celui de poussière totale (seuil à 10 mg/m3) et de poussières alvéolaires (5 mg/m3), a fait savoir Sophie Mazoué, à l’époque responsable développement durable à la RATP.
Des évaluations similaires ont été faites à plusieurs reprises, dont en 2015 et en 2017.
La RATP se défend
Face à ces multiples accusations, la RATP campe toujours sur ses positions. Dans un communiqué publié le 25 mai, elle a déclaré suivre de près la santé de son personnel actif et en retraite depuis 20 ans, en collaboration avec Santé publique France.
«À ce jour, ces études ne montrent aucun impact sur les salariés en lien avec l’exposition à l’air des espaces ferroviaires souterrains».
Elle a également détaillé les axes principaux de son plan de l’amélioration de la qualité de l’air.
Parmi ceux-ci figurent la réduction des émissions possibles de particules par le déploiement du freinage électrique, l’installation de nouveaux ventilateurs et la mise en place de solutions innovantes.