Meurtre d’Avignon: le tueur d’Éric Masson l’aurait pris pour un dealer rival

Rebondissement dans l’affaire du brigadier Éric Masson tué sur un point de deal à Avignon début mai: d’après les procès-verbaux des principaux protagonistes, révélés par Le Point, il était en civil sans son brassard, et le tueur présumé aurait pu le prendre pour un autre dealer.
Sputnik

Ayoub Abdi, 20 ans, qui a assisté au drame et a été interpellé dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’Éric Masson à Avignon, a livré sa version des faits, écrit Le Point en se basant sur les auditions des principaux protagonistes de l’affaire.

L’individu affirme qu’il n’a jamais eu connaissance de la qualité d'Éric Masson, ni de celle de son collègue policier, lui aussi en civil.

L’homme, déjà connu des services de police pour trafic de stupéfiants, assure qu’il était resté «en retrait» et n’a pas vu les tirs. En revanche, il a pu entendre les propos de son «pote», revendeur de drogue considéré comme le tireur présumé, lequel aurait pris Éric Masson pour un dealer rival.

«Qu'est-ce que tu fous là, c'est chez moi, ici!», aurait dit ce dealer avant de tirer.

Suspect principal

Ilias Akoudad, 19 ans, a été interpellé le 9 mai et mis en examen pour homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique. Il nie toujours les faits et affirme qu’il n’était pas sur les lieux. La même version a été avancée par sa mère qui a affirmé dans une interview sur CNews que les policiers «s’acharnent» contre lui.

Akoudad était le «gérant» du point de deal de la rue du Râteau, situé en plein centre-ville. Comme le décrit Le Point, ce business rapporterait de 500 à 1.000 euros par semaine. Il a d’ailleurs pu chasser ses prédécesseurs. Il possédait une arme que les enquêteurs n'ont pas retrouvée à ce jour.

La question du brassard

D’après les auditions, il n’est pas encore clair si Éric Masson a décliné sa qualité de policier, explique Le Point.

Selon son collègue, présent pendant l’intervention, il aurait pu ne pas porter son brassard.

Un autre témoin, une consommatrice de drogue venue se ravitailler, affirme qu’un seul policier, c’est-à-dire le collègue du brigadier, lui a présenté son brassard.

«J'ai senti que le policier cherchait à être discret. Ce n'est qu'après les tirs que le cri “police!” a retenti», a confié cette femme au Point.

Circonstance aggravante

Ces auditions vont à l’encontre des affirmations tenues par Philippe Guémas, procureur de la République d'Avignon, lors d’une conférence de presse tenue peu après le meurtre.

D’après les premiers éléments fournis par le procureur, Éric Masson avait décliné sa qualité de policier à deux reprises et un individu avait sorti une arme de poing en faisant feu.

Une information judiciaire a été ouverte pour meurtre aggravé. Si les autorités judiciaires retiennent la version selon laquelle l’accusé ne connaissait pas la qualité de policier d’Éric Masson, il encourt 30 ans de prison. Dans le cas contraire, il risque la perpétuité.

L’indignation de la police

Le meurtre d’Éric Masson est survenu le 5 mai, moins de 15 jours après l'assassinat de Stéphanie Monfermé, agent administratif au commissariat de Rambouillet.

Le 19 mai, excédés par les violences répétées les visant, des milliers de policiers ont tenu une importante manifestation à Paris devant l’Assemblée nationale en hommage au brigadier.

Parallèlement, à l’issue d’une entrevue avec les représentants des forces de l’ordre, le Premier ministre a promis de durcir considérablement les peines contre les agresseurs de policiers et de gendarmes. Le 20 mai, l'Assemblée a voté une peine de sûreté portée à 30 ans pour les condamnés à perpétuité pour un crime contre un policier ou un gendarme. Les députés ont également adopté un amendement gouvernemental supprimant les rappels à la loi.

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