Paris menace Minsk de représailles après l'atterrissage forcé de l'avion Ryanair

L’Élysée a déclaré travailler à des sanctions contre la Biélorussie après qu’un avion de Ryanair avec un opposant à son bord a effectué un atterrissage d’urgence à Minsk. Une interdiction d’atterrissage des avions de Belavia dans l’UE et une suspension des transits de la Biélorussie vers l’UE figurent parmi les mesures potentielles.
Sputnik

Au lendemain de l’atterrissage forcé en Biélorussie d’un avion de Ryanair avec un opposant biélorusse à son bord, arrêté par la suite, l’Élysée a déclaré ce 24 mai préparer un paquet de mesures à l’encontre de Minsk.

Une suspension des survols du territoire biélorusse par les compagnies aériennes pourrait faire partie de ces mesures, de même pour les transits aériens et terrestres du pays vers l'Union européenne.

En plus de cela, les avions de Belavia risqueraient de faire l’objet d'une interdiction de se poser dans les aéroports européens, indique Reuters.

Une demande d’enquête a été adressée à l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), a précisé la présidence française citée par l’agence d’information.

L’incident

Reliant Athènes à Vilnius, un avion de Ryanair, compagnie irlandaise, a dû se poser en urgence à Minsk suite à une «alerte à la bombe», reconnue fausse par la suite. Parmi les passagers de l’aéronef, figurait l’opposant biélorusse Roman Protassevitch.

Il a été ensuite arrêté lors d’un contrôle d’identité. Les autorités biélorusses l’ont inscrit sur la liste des «personnes impliquées dans le terrorisme». Une information judiciaire a été ouverte contre lui pour plusieurs chefs dont «organisation de troubles de masse». Actuellement, il risque 15 ans de prison.

Âgé de 26 ans, le militant est l'ex-rédacteur en chef de la chaîne Telegram d’opposition Nexta - considérée comme extrémiste en Biélorussie - et rédacteur en chef d’une autre sur la même plateforme, également désignée comme telle par son pays. Les deux médias ont fait parler d’eux lors de la vague de manifestations survenue après la présidentielle en août 2020.

Selon les chiffres officiels, le Président actuel, Alexandre Loukachenko, a largement remporté l’élection, résultat qui a été contesté par l’opposition.

Un précédent similaire avec Edward Snowden

De nombreuses organisations et autorités occidentales dont l’Union européenne et l’Otan ont demandé de mener une enquête internationale sur l’incident. Toutefois, aucune demande n’avait été faite pour d’autres incidents de même nature par le passé.

Parmi ceux-ci figure l’atterrissage forcé effectué à la demande des États-Unis de l’avion du Président bolivien Evo Morales, susceptible de transporter, comme Washington le croyait, Edward Snowden, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA). La police n’avait pas réussi à le retrouver à bord de l’aéronef. Le chef d’État bolivien a été ensuite autorisé à reprendre son vol. Aucune enquête n’avait été ouverte.

L’Occident réagit

L’Union européenne a critiqué les actes commis par Minsk et a appelé à enquêter sur l’incident.

«En effectuant cet acte coercitif, les autorités biélorusses ont mis en péril la sécurité des passagers et de l'équipage», a déclaré ce 24 mai Josep Borrell, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dans un communiqué.

«Une enquête internationale sur cet incident doit être menée pour vérifier toute violation des règles de l'aviation internationale», a-t-il ajouté.

L’Otan a également proposé de réaliser la même démarche suite à cet incident qualifié de «grave et dangereux», selon un responsable cité par l’AFP.

Une éventuelle interdiction de l'espace aérien biélorusse et de possibles sanctions contre des responsables du pays ont également été évoquées ce lundi par Clément Beaune sur BFM TV.

«Je pense que c'est une mesure raisonnable pour nous protéger parce qu'on a mis en danger la vie de ressortissants européens», a-t-il affirmé.
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