Sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines, notamment en matière de sécurité, l’exécutif a encore essuyé une salve de réprobations, cette fois-ci de la part de Jean-Louis Debré, depuis le plateau de BFM TV. L’ancienne pilier de la Chiraquie s’est dit déçu des espoirs qu’il avait placé en Emmanuel Macron, reprochant notamment au Président de cultiver une trop grande estime de lui-même.
«Il est totalement éloigné des réalités. Il vit dans son monde, avec ses collaborateurs. Il a une très haute idée de lui-même. Pour être Président, il faut douter de soi», a-t-il ainsi déclaré sur la chaîne d’information continue.
Une forme d’isolement qui a souvent mené à l’aveuglement, puisque le «pouvoir enfermé n’a rien vu arriver», souligne Jean-Louis Debré citant en particulier l’épisode des Gilets jaunes. Fin avril sur CBS, Emmanuel Macron avait lui-même admis avoir «sous-estimé» les effets des taxes sur les carburants, qui avaient déclenché le mouvement de contestation.
L’ancien président de l’Assemblée a par ailleurs critiqué les effectifs pléthoriques du gouvernement, alors que le candidat Macron avait promis que celui-ci serait formé de «quinze membres maximum», en mars 2017.
«Aujourd’hui, on est à plus de 45. Jamais depuis près de 20 ans, on avait eu un gouvernement aussi nombreux. On ne sait pas ce que font ces gens. Je peux vous citez des noms, je suis sûr que vous ne les connaissez pas», a-t-il déclaré sur BFM TV.
Le bilan du quinquennat est d’autant plus sombre qu’Emmanuel Macron avait «semé l’espérance», ce qui engendre une «énorme déception» chez les Français, a ajouté Jean-Louis Debré, lequel aurait voté pour le candidat d’En Marche en 2017 selon L’Opinion.
Une déception qui pourrait d’ailleurs se traduire dans les urnes, puisque 61% des Français excluraient de voter à nouveau pour le Président sortant en 2022, selon un sondage BVA pour RTL et Orange, daté de fin avril. Un sondage qui semblait d’ailleurs entériner l’analyse de Jean-Louis Debré, puisque seuls 22% des sondés disaient trouver le Président «rassembleur» alors que 25% estimaient qu’il savait reconnaître ses erreurs.
«Une espèce de décadence»
L’ancien ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac est ensuite revenu sur les problèmes d’insécurité qui font l’actualité, précisant s’être rendu au rassemblement organisé par les syndicats de police ce 19 mai.
Ces derniers avaient en effet appelé à un rassemblement devant l’Assemblée nationale, pour rendre hommage à Éric Masson, assassiné à Avignon. Plusieurs personnalités politiques, comme l’eurodéputé vert Yannick Jadot, le vice-président du RN Jordan Bardella ou Éric Zemmour, étaient présents. Gérald Darmanin a aussi fait une brève apparition, essuyant quelques huées.
«J'étais là pour dire à mes amis policiers qu'on ne pouvait pas continuer comme ça. Qu'on ne pouvait pas continuer à laisser se dégrader notre pays», précise pour sa part Jean-Louis Debré sur BFM TV.
Une dégradation de la situation sécuritaire, qui trouve notamment ses racines dans une «destruction systématique de l'État», a précisé l’ancien maire d’Évreux. Jean-Louis Debré reproche ainsi à la politique d’être devenue «un métier de spectacle», qui n’a plus guère de prise sur le réel.
Face aux montées des incivilités, voire des violences, les pouvoirs publics restent donc impuissants, alors que s’installe en France «une espèce de décadence», qui inquiète l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Plusieurs autres personnalités politiques avaient déjà critiqué cette perte d’autorité de l’État, ces dernières semaines. Fin mai, Philippe de Villiers avait ainsi déclaré sur Radio Classique que le régalien était devenu «l’angle mort» de la politique de Macron, se disant lui aussi «déçu» de la tournure prise par le quinquennat.
Mi-mai, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat avait dressé un constat similaire, accusant Macron d’avoir «confondu l’autorité et le narcissisme», dans un entretien au Point.