Alors que le calendrier des vaccinations s’est accéléré, avec l’élargissement à tous les adultes fin mai, les Français se montrent moins rétifs à l’idée de recevoir une injection, rapporte un sondage Cevipof/Opinion Way pour le Monde. Ils sont ainsi 65% à avoir l’intention de se faire vacciner ou à l’avoir déjà fait. Un chiffre en hausse de 16 points depuis janvier.
Un changement dans l’opinion semble donc s’être opéré depuis le début de l’année, alors que les retards de livraisons et les difficultés à obtenir un rendez-vous constituaient alors le quotidien des campagnes de vaccination. Le bouche-à-oreille a notamment joué en faveur du vaccin, explique au Monde Bruno Cautrès, politiste au Cevipof.
«Le changement s’est fait avec les images des vaccinodromes où tout semble bien se passer et par les relations interpersonnelles: on est d’autant plus en confiance quand un frère, une mère, un voisin a déjà reçu une dose», explique-t-il.
Effets secondaires et vaccin obligatoire
Ce nouveau désir de se faire vacciner va de pair avec une envie de retour à «une vie normale», puisque c’est la première raison évoquée par les sondés (45%), loin devant la protection contre le virus (25%) et la volonté de protéger les plus fragiles (17%). A contrario, ceux qui ne souhaitent pas recevoir d’injection invoquent plutôt un manque de recul sur la pandémie et les vaccins (40%), voire une peur des effets secondaires (24%).
Des effets secondaires qui semblent d’ailleurs inquiéter assez largement, puisque 41% des sondés doutent que les autorités puissent surveiller correctement leur apparition et agir en conséquence. La séquence désastreuse sur l’AstraZeneca, pendant laquelle le gouvernement a d’abord soutenu le produit, avant de le suspendre temporairement suite à des cas de thromboses, a pu laisser des traces.
Autre enseignement, alors que les débats sur l’instauration d’un pass sanitaire ont récemment agité l’Assemblée: un Français sur deux est favorable à la vaccination obligatoire (51%). Fin décembre, Olivier Véran avait déjà précisé sur LCI que la vaccination ne serait pas imposée en France. Le ministre de la Santé a néanmoins relancé la polémique récemment, déclarant sur BFM TV que «les personnes qui ne se fer[aie]nt pas vacciner ser[aie]nt défavorisées».
Macron pointé du doigt
Au-delà des questions de vaccinations, le ressenti général des Français en cette période de pandémie reste maussade. Interrogé sur leur état d’esprit actuel, ils évoquent ainsi en majorité la lassitude (40%), la morosité (27%) et la méfiance (23%).
L’allégement des restrictions n’a semble-t-il pas suffi à leur redonner le sourire, et encore moins à leur redonner confiance en leurs représentants. Interrogés sur la dégradation de la situation sanitaire, ils sont ainsi 29% à pointer du doigt le gouvernement et les ministres concernés, et 25% à rejeter la faute sur Emmanuel Macron lui-même.
Dans le même ordre d’idée, les mots qui viennent d’abord à l’esprit des sondés concernant la gestion de crise du gouvernement sont : incompétence (23%), impréparation (17%) et manque de transparence (14%).