Des farceurs russes mènent en bateau une fondation américaine pour la démocratie

Deux farceurs russes, auteurs de nombreux canulars téléphoniques aux dépens de différentes personnalités politiques, ont mené en bateau les dirigeants de la Fondation nationale américaine pour la démocratie (NED) en se faisant passer pour des opposants biélorusses.
Sputnik

Les prankeurs russes Vladimir Kouznetsov, alias Vovan, et Alexeï Stoliarov, connu comme Lexus, ont récemment piégé les dirigeants de la National Endewment for Democracy (Fondation nationale pour la démocratie, NED). Les farceurs, assistés par une complice, se sont fait passer pour la chef de file de l’opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa et des membres de son équipe.

L’entretien a porté sur l’activité de la NED en Biélorussie, mais aussi en Russie. Pour participer à cette conversation, le président de la NED Carl Gershman a réuni sa vice-présidente pour la politique et la stratégie, son vice-président pour les programmes à l’étranger, une directrice pour l’Europe et une spécialiste responsable des programmes en Europe de l’Est, plus particulièrement en Biélorussie.

La vidéo du prank a été mise en ligne sur YouTube, mais les propos rapportés dans l’enregistrement ne peuvent pas être authentifiés par Sputnik.

Financement pour faire face à Loukachenko

M.Gershman a raconté que la NED finançait un institut démocratique national pour les questions internationales et un institut républicain international, ainsi qu’une institution affiliée à la Chambre de commerce des États-Unis et au Center for International Private Entreprise qui «travaillent activement» en Biélorussie, plus particulièrement avec «votre équipe».

«Nous les finançons pour qu’ils travaillent avec le secteur privé en Biélorussie, pour faire face à Loukachenko dans le rétablissement de l’économie du pays», a-t-il noté.

Soutien financier des médias «libres» et des exilés du pays

Le président de la NED a également révélé que la fondation travaillait avec les syndicats, subventionnait depuis longtemps différentes organisations, des médias et des personnes qui quittaient la Biélorussie.

«Nous soutenons les personnes qui fuient le pays. Nous soutenons leur séjour provisoire dans d’autres pays, tous leurs besoins. Nous travaillons dans tous les pays, dans l’est… et dans d’autres parties du pays. Nous soutenons la participation civique et finançons des collectifs. Nous travaillons également dans l’ouest du pays avec les médias libres à Grodno où nous soutenons le journalisme civique.»

Il a ajouté que la NED accordait son soutien à la langue biélorusse et aux organisations culturelles et historiques qui s’occupait de la promotion de l’identité de la Biélorussie.

Le président de la fondation a même qualifié les événements qui avaient suivi l’élection présidentielle de l’été dernier de «révolution» et de «libération de la nation biélorusse».

La responsable des programmes de la NED en Europe de l’Est a indiqué que les personnes qui avaient suivi des stages dans des centres soutenus en Biélorussie depuis plus de 20 ans ont été aux premiers rangs des actions publiques.

«Le temps consacré à renforcer les relations de confiance avec nos partenaires en Biélorussie a sans aucun doute eu pour résultat les événements de l’été dernier», a-t-elle déclaré.

De vastes programmes en Russie

Le président de la NED a également abordé son implication en Russie. Il a signalé que bien que la fondation ait été reconnue comme «organisation indésirable» par Moscou, elle soutenait «de nombreux groupes et de nombreux programmes partout dans le pays». Il a fait état de ses contacts avec l’entourage de Navalny.

«Ils se concentrent actuellement sur les élections à la Douma en septembre. Ils ont une stratégie à long terme. D’où l’importance d’un dialogue entre votre mouvement [biélorusse, ndlr] et le mouvement russe, pour poursuivre la lutte en combinant des protestations et la préparation aux élections à la Douma et aux élections locales», a-t-il noté.

La vice-présidente de la NED pour les questions politiques a signalé que la fondation avait de «vastes programmes en Russie» et que leurs participants «s’étaient enracinés en province, dans diverses régions, en dehors de Moscou».

Elle a également mentionné le soutien accordé aux journalistes menant des enquêtes sur la corruption des fonctionnaires russes.

Protestations en Biélorussie

L’opposition biélorusse n’a pas reconnu les résultats de la présidentielle d’août 2020 remportée par Alexandre Loukachenko avec 80,1% des voix. Elle a affirmé que l’élection avait été gagnée par Svetlana Tikhanovskaïa. Des protestations sont apparues dans le pays et ont été réprimées par les forces de l’ordre.

Des poursuites avaient été engagées contre certains dirigeants de l’opposition, notamment pour des appels à la prise du pouvoir, la création de groupes extrémistes ou encore un complot de coup d’État.

Dès le mois d’août, Svetlana Tikhanovskaïa est partie pour la Lituanie. Les autorités biélorusses l’avaient ajoutée sur la liste des personnes impliquées dans des activités terroristes et réclament son extradition.

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