En marge du rassemblement des policiers devant l’Assemblée nationale mercredi 19 mai, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a suggéré devant BFM TV que les policiers aient un «droit de regard» sur certaines décisions judiciaires. La justice était en effet pointée par les syndicats de police, lesquels réclament des peines plus lourdes pour les délinquants.
«Il faut que la police ait le sentiment, non pas d'être dépossédée, comme c'est le cas aujourd'hui, des peines qui sont ensuite administrées aux prévenus, mais qu'elle puisse avoir un avis sur la question, jusqu'au moment des aménagements de peine, qu’elle ait un droit de regard», a déclaré Olivier Faure, précisant qu’il ne s’agit pas de «remplacer les juges par les policiers».
Une «collaboration à inventer», d’après le député de Seine-et-Marne, lequel appelle à «ne pas opposer des services publics qui ont la même vocation: protéger les Français». Il a par ailleurs affirmé que les peines plancher, l’une des mesures réclamées par les syndicats, ne «fonctionnaient pas», rappelant qu’il s’y était opposé.
Séparation des pouvoirs
La déclaration d’Olivier Faure a déclenché une vague d’indignations au sein d’une partie de la gauche, notamment de Jean-Luc Mélenchon qui l’accuse de vouloir créer «un tribunal contrôlé par les policiers». Le député de La France insoumise (LFI) Bastien Lachaud avance une violation du principe de séparation des pouvoirs, tout comme le député européen écologiste David Corman.
Mercredi, peu après son intervention, Olivier Faure a souhaité préciser ses propos, suggérant sur Twitter que les policiers aient accès aux Commissions pluridisciplinaires uniques. «Ces commissions évaluent la dangerosité ou la vulnérabilité des détenus, examinent les parcours d’exécution de peine, etc.», explique l’élu. «On y entend les moniteurs de sport, aumôniers, visiteurs de prison mais on ne pourrait pas entendre les policiers sur les récidivistes ou les criminels?»
Désengagement du PS
Même au sein de son parti, sa déclaration n’a pas été soutenue. «Oui au respect du rôle de chaque institution, fondement de l’État de droit. Non à la confusion qui résulterait d’un droit de regard de la police sur les décisions de justice», commente Valérie Rabault, présidente du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.
Ce jeudi 20 mai, face à la polémique, M.Faure a reconnu, toujours sur Twitter, que son expression «droit de regard» était «malheureuse» et a rappelé qu’il ne transigera jamais avec le principe démocratique de séparation des pouvoirs. «Clarification bienvenue», a réagi le député Boris Vallaud, porte-parole du parti.