Le Liban en manque de finances désormais à court d’électricité

En pleine crise économique et financière, le Liban risque d’être plongé dans le noir. L’entreprise turque Karpowership a mis à l’arrêt ses deux navires-centrales électriques stationnés au large du pays fournissant un quart de son électricité.
Sputnik

Le Liban, où le courant n’est fourni depuis des années que sept ou huit heures par jour, risque un blackout après que deux navires-centrales électriques appartenant à l’entreprise turque Karpowership et produisant un cinquième de l’électricité libanaise ont été mis à l’arrêt la production vendredi 14 mai.

L’opérateur turc présent au Liban depuis 2013 refuse de tolérer plus longtemps les arriérés de paiement de l’État libanais qui se montent selon lui à 100 millions de dollars. Il affirme avoir attendu 18 mois le paiement de ses services.

«Nous avons été excessivement flexibles, en continuant de fournir de l'électricité sans paiement ni échéancier de paiement parce que le pays traversait déjà une période difficile», se justifie Karpowership.

De son côté, la justice libanaise menace de saisir les deux navires. Un procureur local a interdit début mai aux centrales de quitter les eaux du Liban en raison du versement présumé de commissions occultes. Karpowership avait alors qualifié ces accusations de «sans fondement et manquant de crédibilité».

La compagnie nationale Électricité du Liban a réussi à compenser en partie cette perte grâce à des groupes électrogènes de secours, mais elle est à court de moyens pour payer le carburant pour alimenter ses groupes électrogènes et ses centrales à fioul ou diesel.

Un avertissement lancé dès mars

Le ministre libanais de l’Énergie par intérim, Raymond Ghajar, avait averti dès le mois de mars que le pays risquait d’être plongé dans «noir total» fin mars si la compagnie nationale d’électricité ne recevait pas l’argent nécessaire pour acheter du carburant.

«Le Liban pourrait se trouver dans le noir total à la fin du mois si Électricité du Liban ne reçoit pas d’aide financière pour acheter du carburant», avait-il déclaré, selon l’Agence nationale d’information ANI.

Un prêt de la banque du Liban de 200 millions de dollars à ces fins reste pour l’heure bloqué par une enquête parlementaire.

Le Liban traverse actuellement un effondrement économique et financier. La monnaie nationale a perdu environ 85% de sa valeur depuis fin 2019. Plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté et un Libanais sur trois se trouve dans l’extrême pauvreté. Une menace de famine a même été avancée par l’Onu.

La situation s’aggrave du fait que le pays ne parvient pas à former un gouvernement depuis neuf mois.

Le message de fermeté de Le Drian

Le 6 mai, le ministre français des Affaires étrangères a effectué une visite au Liban afin de faire pression sur les dirigeants incapables à en former un.

La veille de son déplacement, il avait annoncé sur les réseaux sociaux qu’il venait avec un message de «fermeté face à ceux qui bloquent la formation du gouvernement».

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