L’Organisation mondiale de la santé (OMS) redoute de voir une deuxième année de pandémie plus meurtrière que la première, avant tout en raison de nouveaux variants, toujours plus nombreux, et d’une mauvaise répartition des vaccins à travers le monde.
«Au train où vont les choses, la deuxième année de cette pandémie sera beaucoup plus meurtrière que la première», a affirmé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Dans ce contexte, il a appelé les pays à repousser la vaccination des enfants et adolescents pour appliquer le système Covax. Ce dernier a été mis en place par les Nations unies et prévoit de redistribuer ces doses aux pays défavorisés.
Selon lui, «l'approvisionnement en vaccins reste un défi clé».
Et ce, alors que l'Europe et les États-Unis semblent constater une amélioration de la situation et s’apprêtent à alléger leurs mesures de restriction.
Progression de la pandémie
Toutefois, à l’échelle mondiale, la pandémie semble reprendre de plus belle avec plus de 700.000 cas identifiés tous les jours, selon l'université Johns-Hopkins. Le total des cas déclarés depuis le 20 janvier 2020 dans le monde, à la date du dimanche 13 décembre 2020, s'élevait à presque 70,5 millions. Or, aujourd’hui il atteint plus de 162,5 millions.
En outre, l'Inde et le Brésil, pays particulièrement touchés aujourd’hui, sous-estiment le nombre d’infections et de décès, affirment les experts.
«Il faut tout d’abord se méfier des chiffres publiés qui ne concernent que des enregistrements officiels très loin des réalités sur le terrain. Selon diverses sources, ils pourraient sous-estimer jusqu’à 30 fois le nombre de cas, et l’Inde pourrait donc connaître en ce moment entre 5 à 10 millions de nouvelles contaminations quotidiennes et 10 fois plus de victimes que les chiffres annoncés», affirme Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Il fait valoir dans ce contexte l’importance de l’aide internationale accordée à l’Inde.
«L’épidémie démontre que la santé est devenue plus que jamais un bien commun public mondial. Si, dans un pays de la taille de l’Inde qui abrite 1/6e de l’humanité, des variants se développent, ils vont nécessairement se répandre dans les autres pays.»
Variants
Par ailleurs, les mutations se multiplient et deviennent plus transmissibles. Ainsi, au 28 avril, le variant britannique s’était propagé à au moins 139 pays et territoires, le variant sud-africain était présent dans 87 pays et le variant brésilien en avait envahi 54, selon le site de l’Onu.
Les différents variants sont classés en trois catégories par l’OMS: préoccupants –ils sont plus virulents, plus résistants aux tests diagnostiques, traitements et vaccins et plus transmissibles–; sous surveillance –dont l’impact sur la santé publique n’a pas encore été déterminé mais qui sont à la base de contaminations ou à l’origine de clusters -; en cours d’évaluation. Selon Santé publique France, au registre des plus préoccupants qui circulent actuellement dans le pays figurent les variants britannique, sud-africain, brésilien et indien.
Une sérieuse inquiétude est notamment suscitée par une résurgence de la maladie dans certains pays d’Asie. Confrontés à une recrudescence de l'épidémie, Taïwan resserre la vis en limitant les rassemblements et en fermant bars, bibliothèques et centres sportifs. Singapour, où l'épidémie avait quasiment disparu ces derniers mois, connaît également une hausse des contaminations et a annoncé une série de nouvelles restrictions. Les cas d’infection sont également en hausse au Japon qui a étendu l’état d’urgence sanitaire.
Vaccination
En outre, si certains pays enregistrent d’importants succès et progressent rapidement sur le chemin de la vaccination, cette dernière n'est pas encore suffisante à l'échelle mondiale.
Ainsi, l’Inde, qui fabriquait des vaccins pour le programme Covax, a interdit leur exportation pour lutter contre la pandémie en les utilisant en premier lieu sur son sol.