«N’allez pas voter», titre la nouvelle campagne d’affichage d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) dans les Hauts-de-France. Elle ironise ensuite sur l’idée que «les jeunes s’en sortent très bien sans emploi» ou que «les inégalités, il y en a toujours eu, pourquoi changer?», et incite à s’inscrire sur les listes électorales. Un second degré évident qui n’était pas du goût d’Ugo Bernalicis.
Le député du Nord pour La France insoumise (LFI), parti qui s’est allié aux les écologistes dans la région, n’a pourtant pas hésité mardi 11 mai à qualifier cette campagne d’«irresponsable», estimant que ce second degré revenait à «se tirer une balle dans le pied». «C’est déjà assez difficile de mobiliser pour voter», ajoute-t-il.
Culpabilisation
Gaspard Fontaine, militant insoumis récemment relaxé dans une affaire de décrochage de portrait d’Emmanuel Macron à Amiens, a indiqué quant à lui se «désolidariser de cette communication», reprochant à EELV de faire campagne en culpabilisant les électeurs potentiels.
Fin avril, le parti écologiste s’était déjà illustré par des messages électoraux s’attaquant aux chasseurs et aux «boomers» [la génération des baby-boomers, ndlr]. Après avoir retiré ces affiches, le secrétaire national du parti Julien Bayou avait par la suite reconnu «une erreur» et que le visuel était «maladroit et blessant».
Union de la gauche
Dans la même journée, M.Bernalicis a toutefois retweeté plusieurs publications de ses alliés dans la région, dont celle de l’eurodéputée Karima Delli (EELV) annonçant le dépôt de la liste «Pour le climat, pour l’emploi», laquelle rassemble «la gauche et les écologistes». En effet, cette union de la gauche reste une exception dans le paysage électoral français, dans lequel Insoumis et écologistes seront davantage des adversaires lors des régionales et départementales du mois prochain.
Toujours mardi 11 mai, le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle a adressé un message à Jean-Luc Mélenchon: «Préservons-nous, laissons l'écolo-bashing aux macronistes». Il a également fait part de son étonnement sur la critique d’Ugo Bernalicis, affirmant qu’«Ugo était pourtant plein d'allant sur l'union quand je l'ai vu».
«Les écologistes ont un avenir aussi longtemps qu'on ne les voit pas à l'œuvre», a taclé Jean-Luc Mélenchon dans un entretien au Monde publié mardi.
Le lendemain, Yannick Jadot a reproché au leader des Insoumis sa «brutalisation du débat public», ce à quoi ce dernier a répondu que LFI était exclu des accords en région PACA et dans les Hauts-de-France.
Espoir pour la présidentielle?
La question se pose toujours quant à une candidature commune de la gauche pour la présidentielle de 2022. Si Jean-Luc Mélenchon a déjà annoncé la sienne, portant le programme «L’avenir en commun» comme en 2017, EELV attend une primaire prévue en septembre, laquelle devrait voir un duel entre Éric Piolle et Yannick Jadot.
Du côté du parti communiste, c’est Fabien Roussel qui a été investi, marquant une rupture avec M.Mélenchon qu’il avait soutenu lors des deux dernières élections présidentielles. Un premier pas entre les différentes instances a néanmoins été franchi le 17 avril dernier, lors d’une réunion de plusieurs de ses représentants. Un nouveau rendez-vous devrait se tenir fin mai.