Le confinement a causé la perte de plus d’années de vie qu’il n’en a sauvées, assure une étude

Une étude du think tank GenerationLibre a tenté de chiffrer les coûts et bénéfices du confinement en termes d’années de vie. La paupérisation a causé d’importants dégâts.
Sputnik

Alors que les allégements de restrictions sanitaires se profilent à l’horizon, les études se succèdent pour tenter de mesurer l’impact de la pandémie sur la société. Après les cartographies de l’INSEE, une étude du think tank GenerationLibre a pris le parti de mesurer les conséquences du confinement en termes d’années de vie gagnées ou perdues.

En effet, si les deux premiers confinements ont permis de sauver des vies, ils ont aussi eu d’«importants dégâts collatéraux», participant au déclassement économique de nombreux Français, rappelle l’étude.

Pour chiffrer les bénéfices en années de vie, sur la période de mars 2020 à avril 2021, les chercheurs ont combiné plusieurs estimations. Ils ont notamment mis en place un «modèle d’agent», qui simule les interactions sociales entre les individus infectés et non infectés et la transmission du virus qui en découle.

L’étude conclut que 100.000 morts ont pu être évitées grâce à la mise en place du confinement. Ce qui représente 500.000 années de vie préservées, en se basant sur l’espérance de vie moyenne des personnes décédées du Covid-19.

Plus d’un million d'années de vie perdues

En face, les années de vie perdues ont été calculées sur des critères économiques. Les chercheurs rappellent ainsi que le niveau de revenus influe sur l’espérance de vie, même si ce n’est pas le seul facteur déterminant. Une corrélation mise en évidence par le graphique ci-dessous, qui reprend les données de l'INSEE entre 2012 et 2016.

Or, les conséquences économiques de l’épidémie ont entraîné une perte de revenus pour près de cinq millions de personnes. Parmi eux, la crise a également créé un million de nouveaux pauvres, précise l’étude citant le Secours catholique.

En se basant sur ces chiffres et en prenant en compte le fait que la perte de revenus peut se résorber après plusieurs années, les chercheurs ont finalisé plusieurs scénarios. Le plus probable évoque une perte de 1,2 million d’années de vie, avec une perte de revenus résorbée sur cinq ans, comme le montre le tableau ci-dessous.

Le confinement a causé la perte de plus d’années de vie qu’il n’en a sauvées, assure une étude

Avec 500.000 années de vie gagnées pour 1,2 million d’années perdues, l’étude conclut donc que les coûts du confinement ont été plus élevés que les bénéfices. Pour autant, les auteurs ne remettent pas en cause l’instauration de celui-ci, précisant que d’autres évaluations sont nécessaires pour confirmer leur diagnostic.

«L'objet n'est pas de dire s'il fallait ou non confiner le pays […] mais de proposer une première tentative d'évaluation des conséquences du confinement qui réconcilie l'économie et la santé», explique ainsi au Figaro Maxime Sbaihi, directeur général de GenerationLibre.

La crise sanitaire a pour l’heure détruit moins d’emplois que la crise économique de 2008, mais a eu davantage de conséquences pour les plus jeunes, rapportait il y a peu un récent rapport du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).

Le 10 mai, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait annoncé espérer un retour à l’activité d’avant-crise au cours du premier semestre 2022, sur Franceinfo.

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