Le chef d'état-major des armées françaises a invité mardi 11 mai dans un courrier les signataires anonymes de la seconde tribune de militaires à quitter l'uniforme pour défendre librement leurs opinions tout en respectant la neutralité de l'armée.
«Le plus raisonnable est certainement de quitter l'institution pour pouvoir rendre publiques en toute liberté ses idées et ses convictions», écrit le général François Lecointre dans une lettre envoyée à tous les soldats, au ton délibérément apaisé et dépourvu de la moindre menace de sanctions.
La tribune, publiée dimanche soir sous forme de pétition par Valeurs actuelles, est parue moins de trois semaines après la publication, dans le même hebdomadaire, d'une première tribune de généraux, dont certains sont menacés de sanctions. Ils dénonçaient le «délitement» de la France et se disaient prêts à «soutenir les politiques» qui œuvreraient contre.
«Survie» du pays
Cette fois, ceux qui se présentent comme des militaires «récemment entrés dans la carrière» et dont certains ont «connu le feu ennemi» au Mali, en Afghanistan ou en Centrafrique, dénoncent ce qu'ils perçoivent comme «la guerre civile [qui] couve». Mais on ne connaît ni le nombre ni l'identité de ces militaires qui lancent un appel à «la survie» du pays.
«Depuis plusieurs semaines [...], l'obligation de réserve qui s'impose à tout militaire a été largement transgressée», constate le général Lecointre.
Les signataires, «au nom de la défense de convictions personnelles [...] ont contribué à entraîner l'armée dans des débats politiques au sein desquels elle n'a ni légitimité ni vocation à intervenir», fait-il valoir, invitant la troupe à «faire preuve de bons sens et surtout de lucidité».
«Chaque militaire est libre de penser ce qu'il veut mais il lui appartient de distinguer sans ambiguïté ce qui ressort de sa responsabilité de citoyen de ce qui ressort de sa responsabilité de militaire», insiste-t-il, réaffirmant que c'est bien la «neutralité» de l'armée qui lui permet son engagement «sans réserve et sans arrière-pensée».
Les deux tribunes ont provoqué une petite tempête politique, n'épargnant aucun parti et poussant la ministre des Armées Florence Parly à intervenir pour rappeler, elle aussi, l'exigence de neutralité du soldat.