Le 28 avril, le peuple colombien descendait dans la rue pour protester contre un projet de réforme fiscale, retiré depuis. Il a ensuite réclamé des améliorations en matière de santé, d’éducation, de lutte contre la pauvreté et la violence, mais s’est fait violemment réprimer par les forces de l’ordre. Dans une tribune publiée lundi 10 mai dans Mediapart, une centaine d’élus appellent Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian à réagir au nom de la France.
«La réponse de l’État colombien face aux manifestations relève d’un usage excessif et disproportionné de la force, et s’accompagne d’atteintes graves aux droits humains», dénoncent les signataires, parmi lesquels de nombreux députés, sénateurs et élus locaux de la gauche française. «Nous sommes profondément inquiets face à la recrudescence de la violence et l’affaiblissement de l’État de droit en Colombie.»
En effet, d’après un communiqué du 9 mai des ONG Temblores et Indepas, des associations locales de défense des droits humains, pas moins de 47 personnes ont perdu la vie lors de ces manifestations et plusieurs centaines sont portées disparues. «Ces agissements de la part des forces de l’ordre sont devenus systématiques pour réprimer la contestation sociale», affirment les élus.
Accords de paix
La tribune mentionne également les accords de paix signés en 2016 entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). «Plus de 1.000 leaders sociaux, environnementaux ou politiques ont été assassinés» depuis leur signature, indique le texte, citant des ONG colombiennes.
«Notre pays se doit d’interpeller le Président colombien, Ivan Duque, afin qu’il garantisse l’application des accords de paix», réclament les signataires, rappelant que des fonds français ont été octroyés pour l’aide publique au développement. «Nous refusons la répression de la contestation sociale», concluent-ils.
Soutien en France
Samedi 8 mai, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel du collectif SOS Colombie et se sont rassemblées place de la République à Paris en soutien au peuple colombien. «Il est temps que le Président Macron se prononce sur le sujet», estime auprès du Parisien Juan, l’un des participants.
Comme le rappelle la tribune dans Mediapart, le haut-commissariat aux droits de l’homme de l’Onu et le représentant de la diplomatie européenne Josep Borrell ont condamné «l’usage excessif de la force lors des manifestations de Colombie». D’autres rassemblements de soutien ont été observés à Nantes et à Marseille.
Nouvel appel à manifester
Lundi 10 mai, le Président colombien a rencontré un collectif de syndicats, mouvements sociaux et universitaires sans qu’un accord en découle. Sept revendications ont été présentées au gouvernement, parmi lesquelles le retrait du projet de loi sur la santé, la mise en place d’un revenu de base pour les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, une réforme de l’éducation nationale ou encore des mesures pour lutter contre la discrimination.
Dénonçant un manque d’empathie du Président Duque, le collectif a appelé à une nouvelle journée de manifestation mercredi 12 mai. Dans le même temps, la Colombie fait face à une troisième vague de l’épidémie de Covid-19, déplorant à ce jour 78.000 morts et trois millions de cas de contamination pour 50 millions d’habitants.