Policier tué à Avignon: ce que l'on sait du tireur

De nouvelles investigations ont permis de remettre en cause la première version du meurtre du policier à Avignon, laquelle accusait le dealer du crime. Sa fuite à trottinette a également été démentie. Faute de caméras de surveillance et de descriptions précises établies par les témoins des faits, les enquêteurs n’ont pas encore identifié le tireur.
Sputnik

Trois jours après le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon survenu le 5 mai, les enquêteurs n’arrivent pas à établir les profils complets du tireur et de son complice, toujours en fuite, à l’exception de quelques détails physiques.

Selon des informations de BFM TV et du Parisien, près d’une centaine d’enquêteurs sont impliqués dans cette affaire. Leurs investigations ont permis de conclure que l’individu qui a tiré à plusieurs reprises sur le policier n’est pas le trafiquant de drogue qui fournissait du cannabis à la toxicomane, témoin du meurtre, qui avait été ensuite placée en garde à vue.

Des descriptions vagues de la scène ont été fournies par des riverains qui avaient entendu les détonations et avaient «regardé par les fenêtres». Ils ont vu deux hommes partir en courant, indique la chaîne de télévision.

Éléments physiques

D’après le procureur d’Avignon, Philippe Guémas, l’auteur des tirs est âgé de moins de 30 ans. Il portait un survêtement et une sacoche avec une arme de poing de neuf millimètres qu’il a utilisée. 

En l’absence de caméras dans le quartier où les faits ont eu lieu, son itinéraire n’a pas non plus été reconstitué pour l’heure, ni celui du deuxième individu.

L’information préliminaire sur le départ du tireur à trottinette a été ensuite démentie par une source proche du dossier auprès du Parisien et de BFM TV.

Les motifs de l’attaque sont également imprécis: «Soit le meurtrier a tiré volontairement sur le brigadier, soit il ignorait son identité de policier car ce dernier n’a pas montré le brassard, soit dans la panique il n’a pas vu le brassard du brigadier», explique la même source. Ces trois pistes sont ainsi étudiées.

Prélevés sur la scène de crime, les ADN sont actuellement analysés, les recherches balistiques sont en cours, indique le quotidien.

La témoin toxicomane libérée

Après une garde à vue prolongée de plus de 24 heures, la consommatrice de drogue interpellée sur les lieux du crime a été relâchée le 7 mai:

«La garde à vue a été levée sans poursuite. Cette personne n'est pas considérée comme impliquée dans le meurtre en tant que tel», a indiqué le procureur d’Avignon, auprès de l’AFP.

Déroulement des faits

Le meurtre a eu lieu deux semaines après l’attentat au commissariat de Rambouillet, dans lequel une fonctionnaire de police avait été poignardée à mort.

Vers 18h30, les forces de l’ordre ont été alertées d’un attroupement près d’un point de deal connu au centre-ville d’Avignon, au cœur de la Cité des Papes, a rapporté le 6 mai M.Guémas lors d’une conférence de presse.

En surveillant les lieux, les policiers mobilisés, dont Éric Masson, ont repéré des échanges ressemblant à une vente de stupéfiants. Les agents sont intervenus. Au moment de l’interpellation de la cliente, deux personnes ont abordé les agents et l’une d’elles a ouvert le feu.

«Éric Masson déclinait sa qualité de policier et l'individu sortait une arme de poing et faisait feu à deux reprises, l'atteignant au thorax et à l'abdomen», a précisé le magistrat.

Sans donner plus de détails sur l’enquête, le procureur a assuré que «tous les moyens seront mis en œuvre».

Le policier tué était âgé de 36 ans. Il était pacsé et père de deux enfants, de cinq et sept ans. Il avait officié dans le Val-de-Marne au sein de la Brigade anticriminalité (BAC) de Chennevières-sur-Marne, indique Le Figaro. En grade de brigadier depuis trois ans, il participait parfois à des opérations de maintien de l’ordre dont «la lutte farouche contre ces trafiquants qui minent les quartiers du département», a raconté une source au quotidien.

Réaction du Président

Emmanuel Macron a assuré ce 8 mai qu'il était «aux côtés» de la famille de la victime et a apporté son soutien aux forces de l’ordre.

«C'est la nation tout entière qui était aux côtés de la famille de notre policier et je voudrais ici leur apporter notre affection, notre soutien, et apporter aussi notre soutien sans faille à toutes nos forces de sécurité intérieure. [...] Ces sujets sont trop importants pour notre société et la considération que j'ai à la fois pour M.Masson, sa famille et tous ses collègues, font que je n'ai envie de tomber dans aucune forme d'instrumentalisation nauséabonde», a-t-il déclaré, cité par l’AFP.

L’ensemble des syndicats de policiers ont appelé à une «marche citoyenne» le 19 mai à Paris, après un hommage solennel prévu le 9 mai devant le commissariat d’Avignon.

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