Le Premier ministre tchèque appelle les pays de l’UE à expulser «au moins un diplomate russe»

La crise entre la Russie et la Tchéquie, qui a éclaté lorsque cette dernière a accusé les services secrets russes d’être impliqués dans des explosions au sein de dépôts de munitions en 2014, a pris de l’ampleur après que le Premier ministre tchèque a demandé à l’UE d’expulser des diplomates russes en signe de solidarité.
Sputnik

Le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, a appelé les autres pays membres de l’Union européenne à envisager l’expulsion d’«au moins un diplomate russe», en signe de solidarité avec son pays dans le cadre de l’affaire des explosions dans le dépôt de munitions de Vrbetice en 2014. Il a fait cette déclaration aux journalistes ce samedi, avant une réunion du sommet informel pour une Europe plus sociale qui se tient à Porto ces 7 et 8 mai.

«Nous devons toujours considérer que lorsqu'un État de l’UE est attaqué, c'est en fait une attaque contre tout le monde. J'ai également demandé qu'ils envisagent l'expulsion d'au moins un diplomate», a-t-il indiqué.

Il a précisé avoir examiné la question avec les dirigeants européens vendredi soir.

Moscou répond

La Russie a de son côté commenté la déclaration d’Andrej Babis sur l’expulsion de diplomates russes.

«La République tchèque pousse l’UE à une nouvelle crise diplomatique dans ses relations avec la Russie. Cette démarche vide de sens en signe de solidarité avec un nouveau show "très probable" constituera un nouveau pas vers la réduction du dialogue avec Moscou. J'espère que Bruxelles le comprend», a écrit Leonid Sloutski, président de la Commission des Affaires internationales de la Douma (chambre basse du Parlement russe).

Le ministère russe des Affaires étrangères s’était également précédemment prononcé sur le sujet.

«Lorsqu’il y a manipulation sous la forme d'expulsion de diplomates sous prétexte de prétendues activités incompatibles avec leur statut, mais qu’en fait, il s'agit de pression politique […] cela détruit le tissu des relations internationales et ne sert certainement pas les intérêts des peuples de ces pays. Ce sont de sales jeux politiques qui n’ont aucun rapport avec les tâches attendant les diplomates et les institutions étrangères», avait dénoncé la porte-parole du ministère, Maria Zakharova.

Plus de deux hypothèses?

Le conflit entre la République tchèque et la Russie a éclaté à la mi-avril, lorsque Prague a accusé les services secrets russes d'être impliqués dans les explosions au sein du dépôt de munitions de Vrbetice, en 2014. De nombreux employés de l'ambassade de Russie en Tchéquie ont alors été expulsés.

Moscou a répliqué en déclarant personae non gratae 20 diplomates tchèques, en expliquant que ces accusations étaient absurdes, infondées et tirées par les cheveux et en qualifiant la situation de «parade du marasme».

En signe de solidarité, la Slovaquie, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont également déclaré des diplomates russes personae non gratae. La Pologne, la Bulgarie et la Roumanie leur ont emboîté le pas, alors que le Parlement européen a lancé un appel à expulser des officiels Russes.

Mais alors qu’Andrej Babis se dit certain de l’implication d’«agents des services secrets russes», la ministre de la Justice, Marie Benesova, a affirmé que l'affaire des explosions à Vrbetice comportait plus de deux hypothèses. Celles-ci avaient été évoquées par le Président Milos Zeman qui a cité la version d’un maniement hasardeux du contenu des entrepôts par le personnel et la version de l'organisation d'explosions par des services secrets étrangers.

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