La direction du Monde a confirmé à l’AFP qu'une campagne publicitaire de Total qui devait paraître dans le journal au cours des prochaines semaines avait été annulée par le groupe. Cette décision fait suite à la publication par le quotidien, mardi, d’une enquête qui révèle qu'un montage financier autour d'un gazoduc exploité par Total en Birmanie aurait permis d'adresser, depuis des années, des centaines de millions de dollars tirées des ventes de gaz directement aux militaires de ce pays, au détriment de l'État birman.
De son côté, sollicité par l'AFP, Total n'a fait aucun commentaire.
Une sanction surtout symbolique pour le journal, Total n'étant pas un gros annonceur. En outre, le quotidien, grâce au succès de ses abonnements numérique, se porte bien financièrement et a réduit ses dernières années sa dépendance à la publicité, qui représente environ 22% de ses recettes.
Des précédents
Et ce n'est pas la première fois que le quotidien est privé de publicité par une entreprise mise en cause dans l'un de ses articles. En 2015, le géant bancaire HSBC avait agi ainsi envers plusieurs médias, dont Le Monde et le quotidien britannique The Guardian, qui avaient publié les «Swissleaks», des révélations au sujet d'une affaire d'évasion fiscale à grande échelle.
D'autres journaux français ont été confrontés à des situations de même nature. LVMH avait retiré en 2012 ses publicités de Libération après une Une dirigée contre son patron, Bernard Arnault, avec le titre provocateur de «Casse toi riche con».