Par au moins quatre fois cette année, les montagnes françaises ont affiché une teinte orangée en raison de vents originaires du Sahara venant y déposer d’importantes quantités de sable. Des chercheurs alertent sur le fait que ce phénomène accélère la fonte de la neige et augmenterait ainsi le risque d’avalanche.
«Les dépôts colorés sur la neige changent la quantité de chaleur absorbée par celle-ci», explique dans Le Parisien Marie Dumont, directrice du Centre d’études de la neige. «Donc, plus la neige est assombrie, plus elle absorbe les rayonnements du soleil, et plus elle se réchauffe et fond».
Un rapport publié récemment par des chercheurs du CNRS (Centre national de recherches scientifiques), du CNRM (Centre national de recherches météorologiques), de Météo-France et de l’Université de Toulouse a analysé quelque 150 échantillons provenant des Alpes, des Pyrénées et du Jura. Selon l’altitude, la météo et l’exposition au soleil, certains flancs de montagne perdent leur couche neigeuse beaucoup plus rapidement.
Risque d’avalanche
De plus, même si la couche de sable est rapidement recouverte de nouvelle neige, elle finit quand même par avoir des conséquences. «Comme le sable ne s’écoule pas quand la neige fond, il reste alors en surface et avance la fonte quoi qu’il arrive», ajoute la chercheuse. Cette poussière orange absorbe l’eau et provoque un alourdissement du manteau neigeux, provoquant des «avalanches de neige humide».
L’équipe a déjà constaté que ce type d’avalanche se produit plus souvent dans les périodes où les dépôts de sable saharien sont plus importants.
«La présence de poussière décale la formation de couches de neige fragile, et donc le risque d’avalanches de plaque, mais ce phénomène semble plus complexe», nuance Marie Dumont.
Concrètement, ce phénomène a une influence sur les exploitations agricoles et les installations hydroélectriques, prévient-elle. En effet, la fonte plus rapide de la neige dévoile le sol plus tôt, lequel se réchauffe davantage en été et rend plus complexe la formation d’un manteau neigeux la saison suivante, diminuant les ressources en eau de fonte. La chercheuse et son équipe doivent cependant encore approfondir leurs recherches avant que celles-ci ne soient publiées dans une revue scientifique.