Après un premier «pari» sur sa décision de ne pas reconfiner le pays en janvier-février, Emmanuel Macron en fait un autre pour sa stratégie de déconfinement, estime ce jeudi 6 mai sur BFM TV Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
«Depuis le mois de janvier, on sait que les prises de décision ne sont plus basées sur le fait scientifique, sur la situation sanitaire, mais ce sont des prises de décision politiques», dénonce-t-elle.
Elle défend l’idée de «pari» car il repose sur «une équation à beaucoup d’inconnues», dont l’avancée de la vaccination et le taux d’incidence.
Sur ce dernier, elle pointe le seuil de 400 [cas positifs pour 100.000 habitants] qu’elle juge «très élevé» et qui, selon elle, a été choisi car «on était sûr d’être en-dessous le 19 mai», date de la phase de réouverture des lieux de culture et des terrasses des bars et restaurants. «On est déjà en-dessous dans tous les départements», précise-t-elle.
Crainte pour l’été
Ainsi, la Pr. Lacombe estime que le calendrier de déconfinement est «très optimiste». Elle doute par exemple de la possibilité de régionaliser les mesures. «On ne peut pas prendre le risque d’être débordé dans une région tandis qu’une autre ouvre ses bars et ses restaurants». Elle appelle également à ouvrir plus largement la vaccination, sous peine de voir l’été «devenir un cauchemar», comme elle l’avait déjà fait valoir dans Libération fin avril.
Se basant sur les dernières modélisations, l’infectiologue assure que «la grosse variable d'ajustement, dans cette équation qui va nous permettre de passer un bon été ou pas, ça va être la vaccination». Un autre facteur sera «le comportement individuel de chacun, le respect des gestes barrières», rappelle-t-elle.
Annonces de Macron
Ce jeudi, Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé que la prise de rendez-vous pour la vaccination «sans limite d’âge» serait possible à partir du mercredi 12 mai. Dès le lundi 10, les personnes de plus de 50 ans pourront se rendre dans les centres de vaccination, avec la possibilité de réserver un créneau dès demain (vendredi 7). Enfin, à l’instar de Joe Biden, il se dit «favorable à ce que la propriété intellectuelle soit levée» sur les vaccins anti-Covid, lesquels devraient devenir «un bien public mondial».