Coup de théâtre politique en Bourgogne-Franche-Comté. L’annonce de Kamel Agag-Boudjahlat en tant que tête de liste du Rassemblement national (RN) dans le territoire de Belfort avait déjà fait grand bruit vendredi dernier. Trois jours plus tard, il informe non seulement du retrait de sa candidature, mais aussi ne partager aucune affection pour ce parti.
«J'ai infiltré le Rassemblement national pour créer le buzz», déclare-t-il ce lundi sur France Bleu Belfort Montbéliard.
D’après la radio, il préparait ce projet depuis un an, un délai apparemment suffisant pour gravir les échelons du parti de Marine Le Pen et obtenir une place de tête de liste.
Il appelle désormais à voter contre le RN et annonce qu’il compte écrire un livre sur son aventure politique: «Car ce parti, je l'ai vu de l'intérieur, n'a pas changé par rapport au Front national. Il surfe sur la haine de l'autre, la théorie du complot et du chaos. Et joue beaucoup sur les violences urbaines».
Présentation
Julien Odoul, candidat du RN pour la Bourgogne-Franche-Comté, n’a pour l’heure pas encore communiqué publiquement sur ce retournement de situation. C’est lui-même qui avait présenté la candidature de Kamel Agag-Boudjahlat le 30 avril, lequel avait exprimé son souhait de «remporter ces élections régionales, qui vont servir de tremplin pour l’accession au trône de Marine Le Pen».
Le «nouveau candidat» s’était exprimé dans L’Est Républicain le lendemain. «La société se fracture, la laïcité recule. Je suis musulman, mais cela reste dans ma sphère privée. Le communautarisme explose. Il y a un gros problème d’identité dans les quartiers: les gens n’osent plus affirmer haut et fort qu’ils sont Français», avait-il notamment déclaré. Des propos retweetés par M. Odoul.
M. Agag-Boudjahlat est revenu ce lundi auprès du quotidien régional pour commenter l’annonce. «C’est allé trop loin, je mettais en danger les membres de ma famille, avec un déferlement de haine, injures et menaces sur les réseaux sociaux». Ce sont précisément ces réactions qui l’auraient empêché d’aller jusqu’au bout de son plan initial, à savoir être élu conseiller régional puis tomber le masque, démissionner du RN et garder son poste «pour faire bouger les choses».
Doutes
Sa sœur Fatiha, écrivaine et militante laïque, a été l’une des victimes de ces attaques en ligne. Samedi 1er mai, elle a publié plusieurs messages sur Twitter pour défendre son frère. «Je ne partage pas et je ne partagerai jamais son engagement, je reste chevenementiste pour toujours. Il a essayé avec la gauche, qui s’est servi de lui et a trahi la ville, poursuivi le clientélisme communautaire, il n’a jamais été de droite. Il a fait son choix», a-t-elle commenté.
Dans un autre message, elle a désigné Taha Bouhafs comme l’un de ses détracteurs, ce dernier ayant souligné la proximité entre elle et son frère «tête de liste pour le Rassemblement national». Par ailleurs, le journaliste ne semble pas convaincu par l’annonce de Kamel Agag-Boudjahlat, qu’il compare volontiers à Pierre-Jean Chalençon affirmant que ses dîners étaient un «poisson d’avril».