La France épinglée par le Conseil de l’Europe sur le harcèlement des journalistes

Le Conseil de l’Europe a émis des chiffres inquiétants quant au nombre de cas d’atteintes à la liberté de la presse sur le Vieux Continent et notamment en France, où les journalistes sont parmi les plus harcelés, selon le nouveau rapport de l’institution.
Sputnik

La France, avec la Pologne, la Turquie et l’Ukraine, figure parmi les pays européens qui comptent «le plus grand nombre de cas d’intimidation et de harcèlement de journalistes», indique le rapport annuel du Conseil de l’Europe sur la liberté des médias.

Tout en exhortant les gouvernements européens à enrayer cette dégradation de la liberté de la presse, la Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejčinović Burić, a attiré l’attention sur «une augmentation des cas de violences et d’intimidations contre des journalistes» ces dernières années.

Selon les chiffres du rapport, en dépit des alertes du Conseil de l’Europe lancées dans le contexte de la pandémie aux gouvernements européens, en 2020, «201 alertes relatives à la liberté des médias ont été publiées sur la Plateforme»:

«Il s’agit là du chiffre le plus important jamais enregistré en une seule année, qui dépasse de près de 40% celui relevé en 2019», précise le rapport, dont le texte intégral est disponible en suivant ce lien.

En guise d’exemple, le Conseil de l’Europe cite le cas de la journaliste indépendante française Inès Léraud qui a été poursuivie pour diffamation par le magnat des affaires Jean Chéritel. Celui-ci a par la suite «retiré sa plainte quelques jours avant le procès – une manœuvre courante de harcèlement judiciaire qui consiste à lancer contre les journalistes de longues procédures judiciaires, chronophages, coûteuses et anxiogènes, et les abandonner à la dernière minute».

Cas de violences contre les journalistes

C’est depuis l’éclatement du mouvement des Gilets jaunes fin 2018, que les violences contre les journalistes se sont multipliées en France non seulement de la part de certains participants aux manifestations, mais aussi de la part des forces de l’ordre, ceci, jusqu’à ces derniers mois.

Par exemple, le 3 novembre 2020, les caméras de Sputnik avaient filmé les forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogènes à bout portant contre un journaliste, alors que plusieurs établissements scolaires de Paris avaient été bloqués pour dénoncer les mesures sanitaires insuffisantes à la rentrée scolaire pendant la deuxième vague de l’épidémie.

Question d’accréditation

Dans le contexte de cette vague de manifestations secouant la France, Gérald Darmanin avait parlé, en novembre 2020, de la nécessité d’avoir une accréditation pour couvrir les manifestations. La déclaration ayant suscité une grande polémique, le ministre de l’Intérieur a finalement précisé qu’il ne s’agissait pas d’une obligation.

Des médias étrangers ont ciblé ces propos de M.Darmanin. La RTBF a par exemple estimé que cela signifiait que «des journalistes n’auraient donc plus le droit de faire leur boulot». Pour certains correspondants étrangers en France, c’est Emmanuel Macron qui avait donné son aval à cette décision du ministre de l’Intérieur.

«Depuis que le Président l’a nommé cet été, le ministre a émergé comme la voix de l’aile dure du gouvernement sur la sécurité. Il est l’incarnation d’un virage à droite qui inquiète certains députés de La République en marche, le parti de Macron», a par ailleurs indiqué le quotidien espagnol El País.

En outre, le problème du refus d’accréditation concerne directement les journalistes de Sputnik France, qui, depuis 2017, ne reçoivent pas leurs accréditations auprès du ministère français de l’Intérieur pour le moindre événement organisé au palais de l’Élysée.

En 2019, face à un énième refus d’accréditation à un événement de l’Élysée, un journaliste de Sputnik France a appris d’un gendarme qu’il s’agirait d’une décision personnelle d'Emmanuel Macron.

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