Déjà ralentie par les retards de livraison, la campagne de vaccination semble aujourd’hui confrontée à un nouveau problème: le manque de public. Au 28 avril, près de 300.000 créneaux de vaccinations étaient ainsi disponibles, selon la plateforme Vite Ma Dose! éditée par CovidTracker.
Le problème concerne en particulier les vaccinodromes, pourtant ouverts depuis moins d’un mois. Celui du Stade de France propose ainsi des créneaux quasiment toutes les cinq minutes, parfois pour le jour-même, à en croire l’application Doctolib.
À Nice, la pénurie de patients a été si importante que le vaccinodrome du Palais des expositions a dû fermer ses portes le temps d’un week-end, après avoir vacciné 58 personnes pour 4.000 doses disponibles, le samedi 17 avril.
Un blocage dont semble être conscient le ministre de la Santé, qui a assuré avoir pris des dispositions pour qu’aucune dose ne soit gaspillée, malgré cette vacance de créneau.
«Il y a un certain nombre de centres, surtout les grands centres de vaccination métropolitains, qui ont des créneaux de vaccination qui restent ouverts. La règle, c’est qu’on ne jette aucune dose. Les centres disposent de fichiers de rappel des personnes qui ont pris des rendez-vous qui peuvent être lointains, ou des personnes qui sont sur liste d'attente», a expliqué Olivier Véran, invitant les directeurs de centre à se servir de ces données.
Élargir la vaccination?
Au vu de ces créneaux libres, des voix s’élèvent pour demander d’ouvrir la vaccination aux personnes encore non éligibles, notamment les plus jeunes. Une option avancée par Renaud Muselier, président de la région PACA (LR), qui a proposé sur RTL de vacciner «tous ceux qui le veulent». Même son de cloche pour Anne Hildago, qui a appelé à «débrider la question de l'âge», sur France info.
«C'est quand même un scandale que des doses ne soient pas utilisées alors que beaucoup de gens souhaitent se faire vacciner […] Il est temps d'être beaucoup plus souple et pragmatique dans la gestion de cette vaccination», a encore déclaré la maire de Paris sur la radio publique.
Une stratégie que ne semble pas goûter le gouvernement, Jean Castex précisant ce 28 avril qu’un élargissement à d’autres publics était «prématuré». Réservée pour l’heure aux plus de 55 ans, la vaccination devrait cependant s’ouvrir aux 50-54 ans à partir du 15 mai. Des tranches d’âge qui ne sont d’ailleurs pas respectées partout, la municipalité de Cannes autorisant par exemple les injections à partir de 40 ans.
Des interrogations persistent également sur les stocks d’AstraZeneca, vaccin victime d’une vague de méfiance depuis plusieurs semaines. Interdit au-dessous de 55 voire de 60 ans dans plusieurs pays d’Europe en raison d’un faible risque de thrombose mortelle, certains aimeraient le voir proposé aux plus jeunes.
En Allemagne, cinq des seize landers ont d’ailleurs décidé d’autoriser tous les adultes à se faire vacciner avec le produit du laboratoire suédo-britannique.