Concerts-tests en France, «un événement pour rien»?

Aucune contagion signalée à l’issue d’un concert-test en Espagne, une lueur d’espoir pour la Culture en France? Demandée depuis des mois, la tenue d’un tel événement a été rejetée jusqu’ici pour éviter la réouverture des lieux culturels, accuse Samuel Churin, comédien engagé au sein du collectif CIP, qui dénonce ce choix «politique».
Sputnik

Un concert de rock a réuni 5.000 spectateurs fin mars à Barcelone, sous forme de test. Les spectateurs masqués ont été autorisés à danser, sans respecter la distanciation sociale. Alors que la France souhaite lui emboîter le pas, les organisateurs de l’événement en Espagne viennent de constater qu’«aucun signe» d’infection n’a été recensé après.

Contacté par Sputnik, le comédien et membre de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) Samuel Churin explique s’être déjà servi d’exemples de concerts similaires à l’étranger pour demander à l’exécutif d’alléger les restrictions après l’instauration du couvre-feu le 15 décembre. En vain.

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Le 23 avril, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a évoqué la tenue d’un concert-test «dans les 15 jours» à l'Accor Arena de Paris. Les expérimentations étaient initialement prévues à Paris et Marseille en mars et avril mais les conditions sanitaires précaires ont provoqué leur ajournement.

La troisième tentative sera-t-elle la bonne? Le concert devrait finalement réunir 5.000 personnes –ayant préalablement passé un test qui se sera avéré négatif- le 29 mai à Paris, selon les informations du Parisien. Selon Roselyne Bachelot, l’organisation du concert coûtera 900.000 euros.

«Pourquoi ils n’ont pas autorisé le [concert] test en décembre? Parce qu’il aurait été négatif et donc ça les aurait forcés» à relancer les concerts, estime Samuel Churin. «Pourquoi ils l’autorisent maintenant? Parce qu’ils savent déjà qu’ils vont commencer à rouvrir à partir du 17 mai, ils ont un calendrier de réouverture. Si tout le monde est négatif, ça va au contraire les conforter.»

Pas une «préconisation sanitaire»

Mi-décembre, le monde de la culture s’est adressé au Conseil d’État mais les lieux culturels sont restés fermés. En Allemagne, deux rassemblements de test se sont tenus, sans qu’aucune contagion ne soit constatée, rappelle Samuel Churin.

«On a déjà avancé les arguments objectifs, on a même [Jean-François] Delfraissy, président du Conseil scientifique, qui a dit que la fermeture des théâtres et des cinémas n’était pas une préconisation sanitaire», pointe le comédien, évoquant «une décision purement politique».

Les autorités, qui auraient pu organiser cet événement d’essai à l’issue du premier confinement, «n’ont jamais voulu» le faire.

Préférer «le matériel à l’immatériel»

Pour lui, le gouvernement privilégie «le matériel à l’immatériel» en permettant au secteur marchand de poursuivre son fonctionnement tout en gardant les lieux culturels fermés.

«Dans une grande surface vous pouvez toucher à un objet, le remettre. A priori, un musée c’est beaucoup moins contaminant que les Galeries Lafayette.»

Aujourd’hui, Samuel Churin déplore une démarche tardive et un «événement pour rien» vu que, par exemple, dans le milieu théâtral c’est déjà la fin de la saison.

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