Les deux corps retrouvés au Burkina Faso seraient ceux des journalistes espagnols pris en otages le 26 avril, a déclaré ce mardi 27 avril la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya.
«Après avoir pris contact avec les autorités burkinabés et les familles des personnes portées disparues, il a été confirmé que les corps retrouvés au Burkina Faso sont très probablement ceux des deux journalistes espagnols disparus. Nous attendons la confirmation finale, ce sont de tristes nouvelles», a indiqué Mme Gonzalez Laya lors d'une conférence de presse.
Elle a dit être en contact permanent avec les autorités locales qui ont fourni des informations sur les cadavres via l'ambassade d'Espagne au Mali.
Le chef du gouvernement Pedro Sanchez a confirmé la mort des journalistes.
«La pire nouvelle s'est confirmée. Toute notre affection pour les parents et amis de David Beriain et Roberto Fraile, assassinés au Burkina Faso. Et nos remerciements à ceux qui, comme eux, font quotidiennement du journalisme courageux et essentiel dans les zones de conflit», a indiqué M.Sanchez.
Les journalistes préparaient un documentaire sur le braconnage, a expliqué sur Twitter l'antenne espagnole des Reporters Sans Frontières (RSF).
Le troisième otage, un journaliste irlandais, serait aussi décédé, note l'agence de presse Reuters. Contacté par Sputnik, le ministère irlandais des Affaires étrangères a indiqué mener une enquête sur la disparition du reporter.
Selon l'agence France-Presse, les trois Européens ont été exécutés par les terroristes.
Les médias ont précédemment annoncé que quatre personnes -deux Espagnols, un Irlandais et un Burkinabé- avaient été enlevées le lundi 26 avril après qu'une patrouille anti-braconnage est tombée dans une embuscade armée. L'attaque a eu lieu vers 15h30 sur une route menant à la vaste réserve de Pama, dans l'est du Burkina Faso, a précisé Mme Gonzalez Laya.
D'après l'agence France Presse, les assaillants ont utilisé deux pick-up et une dizaine de motos.
La FEJ appelle à lancer une enquête
La Fédération européenne des journalistes (FEJ) a exhorté le Burkina Faso à enquêter sur la mort des journalistes, a indiqué à Sputnik son secrétaire général, Ricardo Gutierrez.
«Nous sommes profondément choqués par le meurtre de ces deux journalistes espagnols qui tournaient un documentaire sur la protection des parcs naturels contre les braconniers. Cette attaque menée par un groupe armé, malgré le fait que les journalistes étaient protégés par les forces de sécurité, montre que l’attaque était préparée à l'avance. Nous exigeons que les autorités du Burkina Faso enquêtent sur cette attaque et identifient les responsables le plus rapidement possible, afin qu'ils puissent être arrêtés et traduits en justice», a indiqué M.Gutierrez.
Prises d'otages en Afrique de l'Ouest
Plusieurs prises d'otages étrangers ont eu lieu ces dernières années au Burkina Faso. En octobre 2020, la présidence malienne a annoncé la libération de l'opposant malien Soumaïla Cissé et de trois otages européens -la Franco-Suisse Sophie Pétronin et les Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli- en échange de la libération de plusieurs dizaines de présumés djihadistes. Cet échange a mis fin à une épreuve de près de quatre années pour Mme Pétronin, 75 ans, et de plus de six mois pour l'opposant malien de 70 ans.
Le 1er mai 2019, deux touristes français ont disparu alors qu'ils étaient en vacances dans le parc de la Pendjari, au Bénin. Le cadavre de leur guide béninois a été retrouvé par la suite dans le parc.
Dix jours plus tard, l'Élysée a annoncé que les deux Français disparus au Bénin, ainsi qu'une Américaine et une Sud-Coréenne, tous les quatre détenus dans le Sahel, avaient été libérés lors d'une opération menée par les forces françaises au Burkina Faso. Deux militaires français ont été tués lors de la libération des otages.
Un couple italo-canadien qui a disparu sur la route entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou en décembre 2018, a été libéré au Mali voisin, après plus d'un an de captivité, selon les médias.