«On se croirait sous l’Occupation»: les Niçois se plaignent des haut-parleurs répétant les consignes sanitaires

À Nice, des haut-parleurs diffusent régulièrement les consignes sanitaires depuis un an au point de commencer à agacer les habitants, rapporte Libération. La mairie défend toutefois l’utilité de ce dispositif.
Sputnik

En avril 2020, le maire de Nice Christian Estrosi annonçait l’installation d’une vingtaine de haut-parleurs pour rappeler aux habitants les consignes de confinement. Un an plus tard, des Niçois font part à Libération de leur agacement. Toutes les demi-heures ou toutes les heures, ces dispositifs diffusent des messages à 70 décibels, soit le volume d’une télévision.

«Franchement, ça gonfle. On n’a pas besoin d’avoir ce truc qui met la panique. On n’est pas des gosses, on ne doit pas être mis sous pression sans arrêt. On nous infantilise», proteste un marchand dont l’étal est situé juste au-dessous d’un haut-parleur.

«C’est un stress en toile de fond. On se croirait sous l’Occupation […]. C’est violent d’entendre ça», témoigne une cliente du marché.

D’autres affirment s’y être habitués et n’ont rien contre. «C’est très bien, ça permet de rappeler les règles à ceux qui ont oublié. C’est mieux qu’un policier qui tape sur l’épaule», estime un couple. En mars 2020, la préfecture des Alpes-Maritimes avait déjà déployé un drone diffusant des messages similaires dans la ville et la même mesure avait été prise à Paris.

«Fantasmes sécuritaires»

David Nakache, président du collectif niçois «Tous citoyens», y voit un «matraquage de messages policiers» et indique auprès du journal avoir reçu de nombreuses plaintes des habitants. Avec le retour du beau temps, ils rouvrent leurs fenêtres et voient alors les haut-parleurs comme une nuisance sonore.

«Qu’est-ce que ça va changer de diffuser un message audio? On a le sentiment que la crise sanitaire a permis de libérer tous les fantasmes sécuritaires de certains maires qui ont profité de l’aubaine pour mettre en place des dispositifs. Et derrière, il y a une accoutumance des citoyens à ces procédés», dénonce-t-il.

Contre la délinquance?

D’après Libération, la ville a installé 29 de ces dispositifs, également équipés de caméras, pour la somme de 3.000 euros chacun. Du côté de la mairie, on affirme que leur installation était déjà envisagée depuis longtemps «pour des situations de crise, comme les coups de mer ou les attentats».

«Il peut avoir une utilité en matière de délinquance, si nous avons une rixe ou une difficulté en dessous d’une caméra», assure le premier adjoint Anthony Borré. «Ce n’est pas un outil qu’on utilise avec plaisir. […] La situation est déjà anxiogène dans notre pays en ce moment. Ces haut-parleurs sont le reflet de la situation qu’on vit».

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