Qualifiant de «chose la plus terrible au monde» le fait que Kobili Traoré, qui est en détention provisoire dans un hôpital psychiatrique français, ne puisse pas être traduit en justice en France pour le meurtre d’une sexagénaire juive en 2017 à Paris, Meyer Habib, député des Français de l'étranger, a dit espérer le 22 avril que les avocats de la famille de la victime réussissent à saisir la justice israélienne et à obtenir sa condamnation en Israël.
«Il sera condamné, ou pas, personne n’est condamné d’avance, il sera extradé, ou pas. Il sera capturé, ou pas, je ne sais pas. Mais les Israéliens feront ce qu’ils ont à faire, mais on ne peut plus tuer des juifs impunément», a-t-il alors ajouté.
Le député s’explique
Suggérant ainsi qu’un État étranger puisse «capturer» un ressortissant Français sur le territoire national, l’élu a dû ensuite nuancer ses propos dans un commentaire à L’Obs.
«Je n’ai aucune raison de penser qu’ils le fassent [capturer Kobili Traoré, ndlr]. S’il est condamné, et ce ne sera peut-être pas le cas, il faudra qu’il purge sa peine. Pour cela, il existe des procédures d’extraditions entre les deux pays. La loi s’impose à tous», a-t-il expliqué.
Meyer Habib, qui a refusé de parler «au nom d’Israël», a tenu tout de même à rappeler que les services secrets de ce pays proche-oriental avaient une grande expérience en matière de chasse aux criminels de guerre.
«Je rappelle qu’ils sont allés cueillir Eichmann en Argentine pour le juger et pour le condamner, même si on ne parle pas des mêmes crimes», a-t-il lancé.
Meurtre de la femme juive
Le 4 avril 2017, Kobili Traoré, 27 ans, a fait irruption chez sa voisine de 65 ans Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi, et aux cris d’«Allahu akbar» s’est mis à la rouer de coups avant de la jeter par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville, dans l'est de Paris. Les sept experts psychiatriques ont ensuite jugé que l’homme était en proie à une «bouffée délirante» due à sa consommation de drogue.
Si en décembre 2019 la cour d'appel de Paris a reconnu le caractère antisémite du crime de M.Traoré, elle l’a pourtant déclaré irresponsable pénalement et a ordonné son hospitalisation assortie de mesures de sûreté pour 20 ans.
Macron souhaite un changement de loi
Saisie d'un recours, la Cour de cassation a confirmé le 14 avril son irresponsabilité pénale, estimant que la loi «ne distingue pas selon l'origine du trouble mental qui a fait perdre à l'auteur la conscience de ses actes».
Commentant ce dernier verdict, Emmanuel Macron a déclaré au Figaro le 18 avril qu’il souhaitait un changement de la loi pour que l'abolition du discernement causé par une prise de stupéfiants n'exonère pas de sa responsabilité pénale.
Vers un procès en Israël?
Le 21 avril, les avocats du la sœur de Sarah Halimi ont confirmé à l’AFP qu’elle entendait porter plainte en Israël pour tenter d'obtenir un procès contre son meurtrier. Ils ont rappelé que la loi pénale d'Israël pouvait s'appliquer à des crimes antisémites commis à l'étranger et dénoncés par un citoyen israélien, ce qui est le cas de leur cliente.