La région Hauts-de-France a campé sur son blocage d'une dotation au lycée musulman privé Averroès de Lille, acté en mars 2020 au nom de soupçons sur son financement, après une injonction du tribunal administratif à réexaminer son versement, a annoncé son président Xavier Bertrand.
L'élu ex-LR et candidat à la présidentielle a également confirmé dans un post jeudi soir sur Facebook le pourvoi en cassation de la région contre l'ordonnance du tribunal administratif, datant du 31 mars.
La majorité régionale, a-t-il précisé, a rejeté à sa demande en commission permanente un délibéré introduit, en application de la décision du tribunal administratif, portant sur le versement de près de 300.000 euros au titre du forfait d'externat pour l'année 2019-2020.
Saisi en référé par l'établissement sous contrat avec l'État, le tribunal administratif avait enjoint que la collectivité procède «au réexamen des droits de l'association Averroès au versement du forfait d'externat», prévu par la loi, faisant part de «doute sérieux» sur la légalité du blocage imposé en mars 2020, dont il avait aussi demandé la suspension.
Le juge des référés avait estimé que «la condition d'urgence était remplie du fait de la situation de la trésorerie de l'association, qui doit la placer à court terme en situation de cessation de paiement».
«Financements étrangers»
Xavier Bertrand rappelle avoir saisi le ministère de l'Éducation du dossier après la parution du livre «Qatar Papers» de Georges Malbrunot et Christian Chesnot faisant état «de financements étrangers du lycée Averroès de Lille».
Un rapport de l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) a selon lui «confirmé que le lycée avait obtenu un prêt de 800.000 euros de la mosquée de Mulhouse qui a été remboursé grâce à un don de 850.000 euros de l'ONG Qatar Charity en 2014».
«Pour quelles raisons la mosquée de Mulhouse, recevant elle-même des financements étrangers, est intervenue dans le financement du lycée? Sur quel document l'IGÉSR s'est appuyé pour affirmer que le don n'a été assorti d'aucune condition?», s'interroge-t-il.
«Sans réponses précises à ces questions [...], nous ne souhaitons pas verser le forfait d'externat de ce lycée», insiste Xavier Bertrand.
M.Bertrand s'est livré à une opération «de contournement», alors que le tribunal doit encore se prononcer sur une «demande sur le fond pour le déblocage de la dotation», a estimé pour l'AFP Me Nicolas Nef Naf, avocat de l'association Averroès qui gère le lycée.