Un autre journaliste algérien se retrouve derrière les barreaux. Après Khaled Drarni, qui a été libéré le 25 février 2021 après avoir passé une année en prison, c’est au tour de son collège Rabah Karèche d’être placé en détention provisoire. Correspondant à Tamanrasset (à 1.900 kilomètres au sud d’Alger) du journal Liberté, Rabah Karèche a été convoqué par la police dimanche 18 avril puis placé en garde à vue. Hacen Ouali, directeur de la publication Liberté, explique à Sputnik que Rabah Karèche avait été plusieurs fois interrogé quant à ses écrits.
«Rabah Karèche a été convoqué à plusieurs reprises par la police mais sans qu’on ne lui en donne les raisons précises. Les policiers le questionnaient sur ses articles et sur ses sources d’information. Cette fois-ci, il a été transféré devant le procureur de la République au lendemain de sa garde à vue. Le procureur a transmis son dossier au juge d’instruction. Officiellement, on lui reproche de diffuser des informations sur Internet», précise le directeur du journal.
«Accusations fallacieuses»
Officiellement, Rabah Karèche est poursuivi pour les chefs d’inculpation suivants: «création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société, diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public et l’usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationales».
«Il va de soi que ce ne sont là que des accusations fallacieuses qui cachent mal une volonté de faire taire le journaliste et l’empêcher d’accomplir en toute objectivité son travail», indique le journal Liberté dans un communiqué rendu public lundi 19 avril.
L’article en question était en fait la couverture d’une manifestation organisée par des représentants de la communauté touareg de l’Ahaggar devant le siège de la wilaya. Le journaliste avait également interviewé un notable du village de Tazerouk qui avait dénoncé «l’amateurisme de l’appareil administratif» dans la mise en œuvre de ce découpage.
«Nous avons déjà dénoncé le harcèlement subi par notre correspondant lors des convocations de la police. Une chose est certaine: la place de Rabah Karèche n’est pas en prison, peu importe ce que l’on peut lui reprocher. Nous restons convaincu de son innocence, Rabah est un journaliste professionnel qui a toujours recoupé et vérifié les informations qu’il publiait. Notre journaliste doit être remis en liberté, il a toujours répondu aux convocations de la police et de la justice», a insisté Hacen Ouali.
Article 50
La Constitution algérienne consacre la liberté de la presse et exclu l’incarcération des journalistes. «Le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté», dispose l’article 50 de la loi fondamentale. Principes qui, encore une fois, n’ont pas été respectés dans le cas de Rabah Karèche. Depuis sa garde à vue, un mouvement de solidarité a pris forme sur les réseaux sociaux.