À l’heure où la gauche tente de faire front commun afin d’éviter un nouveau duel Macron-Le Pen en 2022, Benoît Hamon se montre toujours aussi inquiet face à la montée de l’extrême droite. Dans un entretien accordé à Franceinfo vendredi 16 avril, il dénonce un certain rapprochement entre le gouvernement et le Rassemblement national (RN).
«Marine Le Pen apparaît moins dangereuse aujourd'hui car ce qu'elle dit est aussi dit par Jean-Michel Blanquer et par Gérald Darmanin. […] On a les conséquences politiques qui mettent Marine Le Pen très haut», déclare-t-il. Il rappelle que les derniers sondages montrent qu’elle est dans une meilleure posture qu’en 2017 en cas de nouveau duel face à l’actuel Président de la République.
Diabolisation
«Interrogeons les politiques qui ont dédiabolisé le Front national et le contenu de ses politiques», s’insurge le socialiste, citant «les migrants, les droits de l’Homme» et la stigmatisation des musulmans. En février, il s’était déjà indigné après le débat entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen lors duquel le ministre de l’Intérieur lui avait reproché d’être «trop molle» sur la question du séparatisme.
Il reproche aussi au gouvernement d’avoir diabolisé «la gauche et les islamo-gauchistes», alors que la candidature de Macron faisait auparavant office de barrage contre l’extrême droite. «Quelle inversion des valeurs! La responsabilité d'Emmanuel Macron est très grande», accuse-t-il.
Union de la gauche
Il s’inquiète par ailleurs que la gauche ne soit plus capable de bousculer Marine Le Pen, comme l’indique le sondage Ifop-Fiducial publié le 12 avril pour le JDD. «C'est d'abord un sondage terrifiant parce que cela veut dire qu'une majorité de Français préfèrent l'extrême droite à la gauche républicaine», commente-t-il.
Pour Benoît Hamon, la seule solution pour que la gauche «soit au second tour de l’élection présidentielle, […] [c’est] qu’il n’y ait qu’un seul candidat ou une seule candidate». C’était l’idée de la réunion, samedi 17 avril à Paris, entre plusieurs représentants d’EELV, des socialistes, communistes et insoumis. «Il serait criminel pour la gauche de ne pas se rassembler», plaide-t-il.
À l’issue de la rencontre, les participants se sont mis d’accord sur un nouveau rendez-vous fin mai. La perspective d’une candidature commune de la gauche semble toutefois encore loin, au vu de celles déjà annoncées de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et de Fabien Roussel (Parti communiste). «Il faut organiser les convergences d'idées et les égos suivront», espère Benoît Hamon.