Le gouvernement investit près de 3 millions d’euros pour «écouter» les réseaux sociaux

Le gouvernement a sélectionné trois entreprises qui se partageront un marché de 2,8 millions d’euros pour «mesurer les préoccupations et attentes des internautes vis-à-vis de son action». Une mesure pour «espionner les Français», dénonce Nicolas Dupont-Aignan.
Sputnik

Soucieux de l’opinion des Français sur son action, le gouvernement a sorti les grands moyens pour écouter les réseaux sociaux. Un appel d’offres publié en décembre sur les «outils de social listening» vient de trouver preneur. Trois entreprises, dont deux étrangères, ont remporté un marché de 2,8 millions d’euros.

«L'accord cadre a pour objet la fourniture d'outils de social listening et de mesure d'impact sur les réseaux sociaux pour permettre au gouvernement de détecter, analyser et mesurer les préoccupations et attentes des internautes vis-à-vis de son action en particulier et de l'actualité en général», décrit l’appel d’offres publié par le SIG (service d’information du gouvernement).

Comme l’indique BFM TV, le SIG dispose d’un budget de 14,2 millions d’euros cette année, et utilise donc quasiment un cinquième de celui-ci pour cette opération d’un an visant à déterminer la réputation du gouvernement chez les internautes. L’un des rôles du SIG est d’analyser «l’évolution de l’opinion publique et le traitement médiatique de l’action gouvernementale». Les résultats de cette vaste analyse seront publiés en avril 2022, ce qui correspond avec le premier tour de l’élection présidentielle.

Trois entreprises

Le premier lot, consistant à la «veille en temps réel des espaces d’expression en ligne» a été attribué à la société Newswhip Media, basée à Dublin, pour un montant de 900.000 euros. Le troisième lot, d’un montant de 220.000 euros, a été accordé à la société luxembourgeoise Talkwalker, qui se chargera de mesurer «l’audience et l’influence des producteurs de contenus en ligne».

C’est une PME française installée à Evry, Visibrain, qui a remporté le second et plus gros lot. Pour 1,7 million d’euros, il s’agit de mesurer «l’impact des contenus publics accessibles en ligne». L’entreprise, qui compte parmi ses clients la SNCF, Total, Bouygues Telecom ou encore BNP Paribas, se targue également d’avoir été sollicitée pour la campagne de François Hollande en 2012.

«Contrôle numérique»

Nicolas-Dupont Aignan (Debout la France), candidat à la présidentielle, s’est indigné sur Twitter à la découverte de cet appel d’offres. «En un mot, il s’agit de surveiller tous les réseaux sociaux de France», résume-t-il. «Trois millions d’euros de nos impôts pour espionner les Français», poursuit-il, dénonçant le fait que deux entreprises étrangères aient obtenu une part de ce marché.

Juste un an avant l’élection présidentielle, le gouvernement met en place «un système de surveillance généralisé des réseaux sociaux avec l’argent du contribuable», poursuit-il. Le député de l’Essonne craint que cette opération ne permette, à terme, de «fermer, de surveiller, de ralentir la progression de la liberté». «La liberté en France est menacée, il est temps de se mobiliser», conclut-il.

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