Les services secrets iraniens ont établi que l’acte de sabotage du 11 avril au site nucléaire de Natanz avait été organisé par un Iranien, Reza Karimi, qui travaillait dans ce site, relate la Radio-télévision de la République islamique d’Iran (IRIB).
«Il s’agit d’un certain Reza Karimi, 43 ans, employé de ce site. Il a fui l’Iran après avoir été identifié par les services secrets», a indiqué la télévision iranienne.
Une photo d'un homme identifié comme étant Karimi a été diffusée à la télévision qui précise que le suspect est né dans la ville de Kashan.
Selon la télévision, Téhéran prend des mesures pour arrêter le suspect et le ramener dans le pays par les voies légales, sans donner plus de détails.
Suspect recherché par Interpol?
Le reportage montre ce qui semble être un «avis rouge» d'Interpol demandant son arrestation.
L'avis d'arrestation de M.Karimi n'était pas immédiatement disponible dans la base de données publique d'Interpol. Cette organisation a refusé de commenter les informations sur l'existence d'un avis de recherche concernant M.Karimi.
«Si ou lorsque la police de l’un des 194 pays membres d’Interpol partage des informations avec le secrétariat général à Lyon concernant des enquêtes et des individus, ces informations restent la propriété de ce pays membre. Interpol ne fait donc pas de commentaires sur des cas ou des individus spécifiques, sauf dans des circonstances particulières et avec l'approbation du pays membre concerné», a indiqué le service de presse d'Interpol à Sputnik.
Par ailleurs, Interpol a noté qu'un avis rouge ne serait publié que s'il est conforme aux statuts de cette organisation et remplit toutes les conditions de traitement des informations.
«Par exemple, un avis ne sera pas publié s’il viole l’article 3 de la Constitution d’Interpol, qui interdit à l’organisation d’entreprendre toute intervention ou activité à caractère politique, militaire, religieux ou racial.»
Panne suspecte au site de Natanz
Le 11 avril, les médias iraniens ont annoncé qu’une explosion s’était produite à l’usine d’enrichissement d’uranium située à Natanz, à 250 kilomètres au sud de Téhéran. L’Organisation de l'énergie atomique d'Iran (OEAI) a signalé une panne d’origine suspecte ayant privé d’électricité les centrifugeuses souterraines.
Selon le New York Times, il s'agirait de l'explosion d'une bombe apportée en cachette à l'usine de Natanz et actionnée à distance.
L’incident est survenu au lendemain du lancement de nouvelles cascades de centrifugeuses modernisées IR-5 et IR-6. Il n’a pas fait de victimes ni provoqué de contamination, selon les autorités. Ali Akbar Salehi, président de l’OEAI, l’a qualifié d’acte de terrorisme.
Téhéran a imputé la responsabilité de l’incident à Tel Aviv. Les services de renseignement israéliens pourraient être impliqués dans cette attaque, note le New York Times.
L’avenir du JCPoA mis en question
Commentant l’incident, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a rappelé aux États-Unis que leur soutien à Israël ne leur apporterait pas de concessions dans le Plan d’action global commun pour le nucléaire iranien (JCPoA).
Des négociations sont en cours en vue de restaurer cet accord de Vienne. Les États-Unis se sont retirés unilatéralement du JCPoA en 2018 pendant la présidence de Donald Trump, imposant des sanctions contre Téhéran. Le 9 avril, les États-Unis et l’Iran se sont affrontés à propos des sanctions américaines. Téhéran a insisté sur la levée complète de toutes les sanctions imposées depuis 2017, alors que Washington se dit prêt à supprimer uniquement les restrictions incompatibles avec le JCPoA.
Le 12 avril, au lendemain de l’incident de Natanz, l’Union européenne a introduit de nouvelles sanctions contre huit personnalités iraniennes. L’Iran a répondu par la suspension du dialogue et de la coopération avec Bruxelles sur les réfugiés, les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme et la drogue.