Assassiné mardi 13 avril devant son domicile à Bamako, Sidi Brahim Ould Sidati a été inhumé vendredi 16 avril à Ber dans la région de Tombouctou, à 1.000 kilomètres au nord de la capitale, ville dont il a été le maire.
Menaces
L’assassinat de Sidi Brahim Ould Sidati reste un mystère puisqu’il n’a pas été revendiqué. Dans le cadre de l’enquête, les autorités maliennes ont procédé à l’interpellation de sept suspects. «Ils sont détenus dans au Camp I de la gendarmerie à Bamako», a indiqué à Sputnik une source au fait de l'avancement de l'enquête. Le premier est un jeune Malien originaire du nord, interpellé mardi 14 avril à l’aéroport de Bamako alors qu’il embarquait pour la ville de Tombouctou. Une des pistes retenues par les enquêteurs maliens est qu'il s'agit d'un règlement de comptes entre factions brabiches (tribu arabe installée dans la région qui s’étend de Tombouctou à Taoudeni). Ils se basent notamment sur un tract qui a été diffusé quelques jours avant l’assassinat du président en exercice de la CMA. Signé par la «Coalition brabiche pour la défense de la région de Taoudeni», ce tract, consulté par Sputnik, dresse une liste de «traîtres à éliminer».
«Nous prenons l’engagement devant Allah soubhanouhou wa taallah (Allah, gloire à lui qu’il soit exalté), les veuves et les orphelins brabiches, que les traîtres qui ont bloqué par leurs magouilles et l’argent acquis malhonnêtement sur le dos de nos combattants, la mise en place des autorités intérimaires dans trois communes: Taoudeni centrale, M’Back Samna et Wad Lahdjar, paieront de leur sang cette trahison contre le peuple brabiche. Les traîtres sont connus de nos veuves et des orphelins. Leurs agissements contre l’existence de la région de Taoudeni ne sont plus un secret aujourd’hui. Il s’agit de Sidi Brahim Ould Sidati qui a trahi la confiance des tribus brabiches qui lui ont fait confiance lors du congrès de Ber», indique ce tract qui cite également les noms d’autres notables de cette tribu.
Les personnes visées sont essentiellement des notables arabes et des chefs politico-militaires du Mouvement arabe de l’Azawad qui sont accusés de profiter de leur position pour s’enrichir et d’entretenir des liens avec le pouvoir central de Bamako. En pactisant avec celui-ci, ils auraient ainsi empêché la pleine mise en œuvre de certaines dispositions de l'accord de paix d'Alger, notamment celles prévoyant une décentralisation poussée en faveur des régions du nord. Les membres de la coalition brabiche se présentent, quant à eux, comme étant des combattants du MAA floués par leurs chefs.
«Cela reste un tract, nous ne savons pas qui est derrière. Ses signataires sont inconnus et nous ne pouvons pas tirer de conclusion pour lier ce document à l’assassinat d’Ould Sidati. À mon avis, c’est une simple coïncidence», estime-t-il.
Agendas secrets
Mohamed El Maouloud Ramadan préfère rester prudent. «Jusqu’à présent, nous ne savons pas qui a assassiné Ould Sidati, ni ne savons quelle est la partie qui a commandité ce meurtre. Nous ne savons rien pour le moment mais nous cherchons toujours», insiste le porte-parole de la CMA.
«Le président de la Coordination des mouvements de l'Azawad avait de nombreux ennemis, des ennemis à titre personnel et à titre politique. Il y a aussi les ennemis de la CMA. Nous faisons face à des agendas qui visent à provoquer le désordre dans la région, entre membres de notre mouvement et le gouvernement malien. Il y a des choses qui ne sont pas encore claires», explique Mohamed El Maouloud Ramadan.
Selon lui, il est préférable d’attendre les conclusions de l’enquête des services de sécurité maliens pour savoir si c’est un acte terroriste ou un règlement de comptes. «Pour l’heure, nous nous consacrons à notre deuil, car la perte de Sidi Brahim Ould Sidati est un drame pour la CMA et pour notre communauté», a déclaré à Sputnik Mohamed El Maouloud Ramadan quelques heures avant la cérémonie d’inhumation.