Le déplacement de Jean-Luc Mélenchon en Amérique du Sud fait débat

Commentant le voyage politique de Jean-Luc Mélenchon en Amérique latine, la députée LREM Aurore Bergé dénonce de «l’indécence» de sa part et rappelle que la plupart des Français sont limités dans leurs déplacements. Le voyage de l'Insoumis vise à la promotion de la campagne pour la libre licence des vaccins anti-Covid.
Sputnik

Le voyage de Jean-Luc Mélenchon en Amérique latine dans le cadre d’une campagne pour la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid a sollicité une vive réaction de LREM, par la voix de la parlementaire Aurore Bergé. Interrogée le 14 avril sur LCI, l’élue a exprimé son indignation quant à un tel comportement du leader de la France insoumise.

«Je trouve qu’il y a une forme d'indécence», a-t-elle lancé.

«Quand vous êtes en train de dire justement aux Français qui sont établis au Brésil que, pour l’instant, ils ne pourront pas revenir pour des raisons sanitaires, et que vous avez un futur candidat à la présidentielle qui part en Amérique du Sud, alors qu’encore une fois, on a des Français qui aujourd’hui ne peuvent pas faire plus de 30 kilomètres pour aller voir leur famille, je trouve qu’il y a juste quelque chose d’indécent», a expliqué Mme Berger sur le plateau de LCI.

Déplacement en Amérique du Sud

Il est à noter que sur le continent où s’est rendu M.Mélenchon le variant brésilien ne cesse de sévir. Pour rappel, mercredi 14 avril la France a même suspendu ses vols en direction et au retour du Brésil jusqu’au 19 avril. Comme le précise l’homme politique lui-même dans sa dernière vidéo diffusée ce jeudi sur YouTube, il y est allé à l’invitation du gouvernement bolivien dans le cadre de la campagne international menée avec l'ex-Président brésilien Lula. M.Mélenchon compte y rester jusqu’au 22 avril, date de la journée de la Terre.

En ce moment, l’homme politique se trouve d’ailleurs en Équateur. Le 13 avril, il a publié une photo de lui avec le socialiste équatorien Andrés Arauz, qui vient de perdre le scrutin présidentiel. Sur l’image, les deux hommes ne respectent pas les gestes barrières.

La défense

Invité ce jeudi 15 avril de Jean-Jacques Bourdin, le député LFI François Ruffin prend la défense de M.Mélenchon en indiquant notamment que le leader du parti «respecte les règles fixées par le gouvernement».

«Il ne prend pas des repas clandestins, [...] il ne prend pas un avion clandestin [...]. Il y va pour réclamer notamment la levée des brevets», a expliqué le parlementaire.

Il réclame d’ailleurs un «traitement d’égalité» entre les membres du gouvernement et ceux de l’opposition, arguant que certains ministres voyagent à l'étranger de manière régulière.

Interrogé par France Inter le même jour sur la même question, Adrien Quatennens, un autre élu insoumis, soutient que les responsables politiques devaient pouvoir continuer à faire de la politique.

La licence libre des vaccins

Le chef de file de LFI avoue dans sa vidéo qu’il veut représenter une «autre voix» de la France au sujet de la levée des brevets, car la voix officielle, à savoir celle d’Emmanuel Macron, a voté contre une telle initiative au sein de l’OMC. La licence libre des vaccins va, certes, à l’encontre des principes de protection des droits de propriété intellectuelle, mais permet de produire des substances médicales en masse, y compris dans des pays non-concepteurs.

Mélenchon veut un front commun contre la «dérive autoritaire» du gouvernement
Cela fait déjà des mois que cette question d’ampleur, à l’heure où la pandémie n’arrête pas de faire des ravages, est débattue au sein de l’OMC. Début mars, l’Afrique du Sud et l’Inde, le plus grand producteur de vaccins au monde, ont proposé à l’organisation de lever le brevet sur le produit donnant une immunité contre le Covid-19, ainsi que sur d’autres médicaments contre la maladie. Cependant, les pays occidentaux s’y sont opposés arguant, entre autres, que le respect des droits de propriété intellectuelle encourageait la recherche et l’innovation.

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