«Cela joue sur le moral, parce qu’au-delà de l’aspect purement spirituel, la communauté musulmane a souvent de la famille au Maghreb et ailleurs dans le monde musulman. La vie et la maladie font qu’il y a des décès et des malades, et on ne peut pas les voir. Le même schéma a lieu du monde musulman vers la France, et cela cause une peine considérable chez de nombreuses familles», déplore Abdallah Zekri.
Abdallah Zekri souligne que certains sont au bout du rouleau, ce qui provoque davantage de tensions au sein de leurs familles. «Nous le vivons très mal, mais il faut faire avec», se résigne-t-il.
Concilier restrictions sanitaires et rites religieux
En effet, si le mois de ramadan est un mois d’introspection spirituelle, il est aussi un moment de partage, d’échange de transmission et d’aide entre les membres de la famille et de la communauté. Le fait de ne pas pouvoir se retrouver à plus de six en raison des restrictions sanitaires est une source de chagrin pour certains musulmans.
«D’un point de vue plus communautaire, c’est vrai que le fait qu’on ne puisse pas se rassembler, se voir en famille comme on le souhaite est embêtant, car c’est aussi un moment important de ce mois sacré du ramadan», explique à Sputnik Nabil, jeune musulman lillois, récemment entré dans la vie active.
De surcroît, les restrictions sanitaires empêchent les fidèles d’observer les différents rites comme les textes le prescrivent. Le couvre-feu du 19h à 6h ne facilite pas la tâche.
«Cela fait maintenant deux ramadans de suite que nous ne pouvons pas faire la prière du soir et du matin à la mosquée», regrette Abdallah Zekri. Néanmoins, ce dernier est conscient qu’«il y a une pandémie et il faut faire attention et respecter les mesures sanitaires, comme tout le monde.»
Confinement, des avantages inattendus
Comme le reste du monde et des cultes, la communauté musulmane s’adapte donc. La grande mosquée de Paris propose par exemple un live Facebook tous les soirs pour suivre les prières d’«al-Icha» et de «tarawih» qui ont lieu pendant le couvre-feu.
Certains préfèrent toutefois regarder le verre à moitié plein et mettent en avant les avantages collatéraux de ces restrictions sanitaires.
«Pour moi, il n’y a que peu d’impact dans la vie quotidienne. On est presque moins fatigués dans notre activité professionnelle, car on peut travailler de chez soi et on passe moins de temps dans les transports», explique Nabil.
«Il y a des petits inconvénients, comme le fait qu’on ne peut pas faire les courses après 19h ou se balader avant de rompre le jeûne, mais on fait avec», nuance-t-il. Chacun adapte donc son quotidien du mieux qu’il peut à sa foi.
Il l’est aussi pour les musulmans du monde entier, qui doivent aussi composer avec les restrictions sanitaires imposées dans leurs pays respectifs. L’écrasante majorité d’entre eux ont en effet interdit ou limité les rassemblements pour freiner la transmission du virus.