De Lyon à Moscou pour le vaccin russe: un avocat français livre à Sputnik son expérience

Son arrivée à Moscou est une façon d’exprimer son «désaccord» suite au «choix politique et criminel» des autorités françaises et européennes de priver leurs populations des vaccins russes, alors que la France est en pénurie. Me Alain Duflot, avocat lyonnais, confie à Sputnik son expérience de la vaccination dans la capitale russe.
Sputnik

Me Alain Duflot est un avocat de l’agglomération lyonnaise. Il y a une semaine, il s’est rendu en Russie dans un cadre professionnel, mais aussi pour recevoir une première dose de Spoutnik V dans une clinique privée à Moscou.

Au micro de Sputnik France, il a expliqué les raisons qui l’ont poussé à opter pour le vaccin russe et a dévoilé comment il y est parvenu alors que les frontières de la Russie restent fermées du fait des restrictions sanitaires.

Pour Me Duflot, dès le début de la pandémie, le gouvernement français a quotidiennement eu recours à l’improvisation en matière de gestion de la crise sanitaire. Depuis les mauvaises informations sur l’inutilité des masques, alors que l’Hexagone en était tout simplement en pénurie, jusqu’à l’insuffisance de lits d’hôpitaux, en passant par les difficultés de la campagne de vaccination, qui n’est qu’une «mascarade» en Europe, estime l’avocat. Selon lui, la situation n’a pas changé en France entre la première et la troisième vagues.

«J’aime mon pays. Je suis fier d’être Français. Je suis tellement en colère contre des incompétents, des apprentis, des amateurs, des gens qui n’ont aucune vision, aucune prospection. Gouverner c’est prévoir, ils ne prévoient pas donc ils ne gouvernent pas», déplore Alain Duflot.

Vaccins autorisés en Europe versus Spoutnik V

En faisant son choix, l’avocat lyonnais affirme «s’être documenté sur le contenu des différents vaccins avant de connaître les conséquences». Chez le Spoutnik V, il a apprécié le fait que le produit ait été développé avec la même base que celui utilisé contre la maladie Ebola, ainsi qu’avec de l’ARN humain et pas de chimpanzé comme c’est le cas de l’AstraZeneca.

«[Le Spoutnik V] a été adapté à la base de ce vaccin déjà connu, il y avait une sorte d’historique. […] Les vaccins américain et britannique sont sortis brusquement des laboratoires sans aucun antécédent», explique l’avocat.

En outre, Me Duflot explique qu’il voulait «montrer [s]on désaccord à [s]on niveau» face à la politique du gouvernement français, alors que «des gens qui veulent être vaccinés, mais ne peuvent pas le faire» deviennent des «victimes politiques».

«Je l’ai fait par réaction à l’attitude des autorités françaises et européennes refusant l’importation du vaccin Spoutnik V, alors qu’en France, on manque de vaccins», explique l’avocat.

Officiellement, deux semaines après que le maire de Nice Christian Estrosi avait affirmé pouvoir passer des commandes de vaccin Spoutnik V, c’est le président de la région PACA qui a assuré ce 14 avril avoir précommandé 500.000 doses de ce même vaccin russe. Or, celui-ci a souligné l’importance des autorisations européennes qu’il «attend». La mairie de Nice a également expliqué que la commande de vaccin russe ne serait possible qu'en cas d’autorisation par la Haute Autorité de santé.

«Si nous avions des vaccins en suffisante quantité, ce ne serait pas la peine d’avoir le vaccin russe, chinois, mais ce n’est pas le cas. Je trouve cela criminel. […] C’est donc un choix politique, ce n’est pas ni médical ni sanitaire. […] Je n’ai pas envie d’avoir l’AstraZeneca dans un mois ou je ne sais pas quand. Je ne veux pas choisir entre la peste et le choléra.»

Le gouvernement a de son côté nié tout lien avec des considérations politiques. Par exemple, le 8 avril, Gabriel Attal a réitéré que l’autorisation du Spoutnik V dépendait de l’avis de l’Agence européenne des médicaments (EMA) qui est d’ailleurs en train de l’examiner depuis le mois de mars.

«Quand il y a des candidats vaccins, nous ne regardons pas leur nationalité, nous regardons leur efficacité et leur sécurité», a-t-il insisté.

En parlant de la réaction de son entourage suite à sa décision de se faire vacciner avec le Spoutnik V, Me Duflot évoque «la surprise, l’inquiétude, l’étonnement, mais pas l’opposition»:

«Personne ne m’a dit "ne le fais pas".»

Comment s’est déroulée la vaccination

Au lendemain de l’obtention de sa première dose, l’avocat lyonnais avoue s’être senti «très bien». Alors qu’il s’attendait à de la fièvre, il n’a rien eu:

«Tout est normal, pas de fièvre, pas de maux de tête, de douleurs, tout va très bien. […] L’inoculation de la première dose s’est déroulée de manière très ordonnée, nous avons commencé par me prendre la tension, le taux d’oxygène, on m’a posé des questions si j’étais malade, si je prenais des médicaments, si j’étais allergique. Alors que je suis très sensible aux piqûres, je n’ai rien senti. Une piqûre de moustique est beaucoup plus douloureuse. [Cela a été] très rapide.»

Quant à sa possibilité de se rendre en Russie pour recevoir son vaccin, Me Duflot a expliqué qu’au niveau administratif, il était «privilégié» étant donnés son visa encore valable et sa collaboration avec l’Université d’État de Moscou. Alors qu’en circonstances ordinaires, pour réaliser un voyage pareil, il faut avoir de bonnes raisons, soit être marié à une/un Russe, soit être Russe, soit avoir un motif professionnel particulier.

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Ainsi, au niveau de la prise de rendez-vous, qu’il avait fixé près de huit jours avant la réception de la première dose, il n’a rencontré aucun problème. Interrogé sur comment un Français a pu se vacciner en Russie avec le Spoutnik V, Me Duflot explique:

«En Russie, il y a des laboratoires et des cliniques privés, c’est très variable. Certains demandent un enregistrement en Russie, certains demandent la justification de travail en Russie, mais il y en a d’autres qui ne demandent que le passeport.»
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