«Tchernobyl, zéro mort»: la bourde d’Arnaud Montebourg sur les risques du nucléaire

En participant à un débat sur le futur du nucléaire en France, Arnaud Montebourg a prétendu qu’il y avait eu «zéro mort» à Tchernobyl, pourtant cette catastrophe nucléaire est devenue la plus grave de l'histoire du nucléaire civil.
Sputnik

Le 12 avril, l’ex-ministre de l’Économie et entrepreneur Arnaud Montebourg a participé à un débat avec Éric Piolle, maire (Europe Écologie-Les Verts) de Grenoble, organisé par le site d’information Reporterre. Tous deux ont discuté du futur de la filière nucléaire en France.

Au cœur du débat, M.Montebourg, favorable au maintien de la filière, a évoqué la question des risques sur les sites nucléaires.

«Pour relativiser la question du risque: Fukushima, zéro mort, il y a un débat qui s’ouvre, enfin zéro mort. Tchernobyl, zéro mort», commence-t-il.

Il a été tout de suite interrompu par Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, présent au débat. Le journaliste a remarqué que M.Montebourg a dit «quelque chose qui est inexacte».

​À ce moment, l’ex-ministre a reconnu sa «bêtise».

Les risques réels du nucléaire

La catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986 à la centrale de Tchernobyl en ex-Union soviétique est considérée comme la plus grave de l'histoire du nucléaire civil.

Dans son rapport de 2005, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) attribue jusqu’à 4.000 morts à l’accident, principalement parmi les sauveteurs et les riverains. Selon un rapport ultérieur du Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), rendu public en 2008, les chiffres des décès sont moins considérables: l’accident a provoqué la mort, en l'espace de quatre mois, de 28 personnes blessées par irradiation, et de deux employés, décédés suite à des blessures non liées à une exposition aux radiations. De plus, 15 personnes sont mortes d’un cancer de la tyroïde, assure le comité, selon des données allant jusqu’à l’année 2005.

Cependant, selon les estimations de différents experts, les décès de 200 à un million de personnes pourraient être considérés comme étant liés à la catastrophe.

La superficie totale de la pollution radioactive en Biélorussie a été d'environ 46.00 kilomètres carrés (23% de la superficie totale) et en Ukraine de 50.000 kilomètres carrés dans 12 régions. En outre, 19 régions russes pour une superficie de près de 60.000 kilomètres carrés et une population de 2,6 millions de personnes ont souffert d'une contamination radioactive.

Enfin, sur l’accident de Fukushima, l’ex-ministre se trouve sur la ligne officielle. En mars 2021, l’UNSCEAR a publié un rapport sur l’accident nucléaire de Fukushima, survenu le 11 mars 2011, dans lequel il affirme que les taux de cancer n'ont pas augmenté dans les régions touchées par l'accident et qu’il n’avait causé aucune mort. Ce rapport, pourtant, ne fait pas l’unanimité chez les experts qui considèrent qu’il laisse plus de questions que de réponses.

En France, 56 réacteurs nucléaires de différents niveaux de puissance sont actuellement en fonction et constituent une source principale de production et de consommation d'électricité.

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