Que faire en cas de propagation incontrôlée des nouveaux variants?

Bien que la résistance totale d’un variant du coronavirus aux vaccins soit peu probable, puisqu’ils démontrent une efficacité importante contre les nouvelles souches, les fabricants se disent tout de même prêts à moderniser rapidement leur produits si nécessaire.
Sputnik

Alors que de nouveaux variants du SARS-CoV-2 ne cessent d’émerger à travers le monde, la question de l’éventuelle nécessité d’adapter les vaccins se pose.

Selon l’OMS, trois d’entre eux sont considérés comme des «variants préoccupants», détectés en Angleterre, en Afrique du Sud et au Brésil, alors qu’entre 3.000 et 4.000 variants circulent probablement, indique Éric Muraille, biologiste et immunologiste à l'Université libre de Belgique, auprès de BFM TV.

En plus de cela, plusieurs «variants d’intérêt», d’après l’OMS, ont été repérés en Écosse, aux États-Unis et d’un autre au Brésil. Ils suscitent des interrogations compte tenu de leurs caractéristiques génétiques potentiellement problématiques.

Vaccins actuels versus nouveaux variants

Pour l’heure, les vaccins mis au point semblent réussir à combattre les nouvelles formes du virus muté.

Basés sur la technologie de l’ARN messager, les vaccins de Pfizer et BioNTech et de Moderna ont été en janvier présentés comme efficaces contre les souches britannique et sud-africaine. Après avoir été «vérifié expérimentalement», le médicament russe à vecteur viral, le Spoutnik V, a été considéré comme efficace contre le variant britannique, d’après Alexandre Guinzbourg, le directeur du Centre Gamaleïa, son concepteur.

Quant à son efficacité contre la souche sud-africaine, celle-ci a même été estimée comme supérieure à celle du vaccin de Pfizer, a indiqué à Sputnik une source proche du Centre Gamaleïa. L’établissement mène actuellement une étude sur l’efficacité du vaccin, dont les résultats seront publiés en mai.

Cette annonce est survenue quelques jours avant qu’une étude israélienne ne montre que la souche sud-africaine était capable, «dans une certaine mesure, de franchir la protection du vaccin» de Pfizer et BioNTech.

L’autre vaccin à vecteur viral, celui d’AstraZeneca, est aussi efficace contre le variant britannique «malgré une quantité moins élevée d'anticorps neutralisants», selon l’université d’Oxford.

Cependant, son efficacité à 30% sur la souche sud-africaine a été révélée en Afrique du Sud. Raison pour laquelle le pays l’a suspendu. Les chercheurs n’ont pas encore précisé son efficacité sur le variant brésilien, lequel est de «1,1 à 1,8 fois plus susceptible d’entraîner la mort», selon l’OMS.

Risque d’échappement?

L’émergence de nouveaux variants est susceptible d’être favorisée par la forte circulation de l’agent pathogène, précise Éric Muraille auprès de BFM TV. C’est pourquoi «il existe un risque d'échappement aux vaccins si on laisse circuler de grandes quantités de virus».

Selon lui, «un échappement total est très peu probable» car «les vaccins actuels induisent une très forte protection et même si un variant échappe partiellement aux vaccins, la protection devrait rester très significative».

Modification des vaccins

Si l’efficacité des médicaments actuels devait se montrer insuffisante, leurs fabricants se déclarent prêts à produire de nouveaux vaccins si besoin. Ainsi, le Centre Gamaleïa a affirmé en avril être capable de moderniser son vaccin en deux jours, en remplaçant la séquence de la protéine S (spike) par une nouvelle séquence, synthétisée en l’espace de 24 heures. Le jour suivant, elle peut être insérée dans le vecteur déjà utilisé.

Les deux vaccins à ARN messager (BioNTech/Pfizer et Moderna) peuvent également être rapidement modifiés pour qu’ils agissent contre les nouvelles souches du coronavirus, a souligné Marylyn Addo, virologue et professeur de l’University Medical Center Hamburg-Eppendorf, auprès de la Deutsche Welle.

En plus de cela, le laboratoire français Sanofi, dont le vaccin est attendu pour la fin de l’année, peut actuellement lutter contre les variants existants. «Nous avons commencé des recherches sur les nouveaux variants, dont les résultats seront utilisés pour orienter les prochaines étapes du programme de développement», a déclaré l’institution citée par BFM TV.

Afin d’accélérer l’approbation réglementaire des vaccins adaptés aux nouveaux variants par l’Agence européenne des médicaments, Bruxelles a annoncé avoir élaboré un plan.

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