L’intention de Tokyo de rejeter de l’eau de Fukushima dans la mer revêt-elle un danger?

Dix ans après l’accident nucléaire provoqué par un puissant séisme, la centrale de Fukushima fait à nouveau parler d’elle. En effet, les autorités nippones ont annoncé que de l’eau sera déversée après traitement dans l'océan Pacifique. L’intention a déjà provoqué l’ire de certains pays, alors que l’AIEA l’a déjà soutenue.
Sputnik

En dépit de la protestation de la société et la préoccupation de pays voisins, dont la Chine, le gouvernement japonais a décidé de rejeter dans l’océan de l’eau de la centrale accidentée de Fukushima, et ce après traitement. Ces eaux utilisées pour refroidir les réacteurs comportent des éléments radioactifs, tel l’isotope tritium. Cependant, il est prévu qu’elles soient d’abord traitées et le début de l’évacuation est prévu pour 2023.

Moins de tritium que dans de l’eau potable?

Intervenant lors d’une conférence de presse ce mardi, le secrétaire général du gouvernement japonais Katsunobu Kato a rappelé que d’autres pays, dont la Chine, Taïwan et la Corée du Sud, rejetaient régulièrement dans l’océan des eaux industrielles contenant du tritium. Il a affirmé qu’une fois traitées, les eaux de Fukushima contiendront 40 fois moins d’éléments radioactifs que la norme nationale pour l’eau potable, et sept fois moins que les standards de l’OMS.

Il a ajouté qu’il était essentiel d’obtenir l’approbation des pays voisins sur la décision de Tokyo quant à ces eaux.

Problème de sécurité ou de communication?

Takeshi Hamada, professeur à l’université Hokkai Gakuen et membre du conseil régional chargé de la reprise de la pêche dans la préfecture de Fukushima, confie à Sputnik suivre de près, et depuis le début, les actions de l’entreprise Tokyo Electric Power et reconnaît que le problème revêt un caractère complexe.

D’un côté, il croit que l’évacuation de ces eaux est réellement sans danger.

«Toutes les centrales nucléaires rejettent des eaux contenant du tritium, diluées aux paramètres requis. Comme l’expérience le montre, cela doit être sans danger. Mais initialement le grand public n’était pas au courant. De plus, cette fois-ci, il s’agit d’eaux très polluées. Après l’accident, des débris du combustible radioactif ont été infiltrés dans les eaux souterraines qui se sont mélangées à leur tour avec de l'eau de refroidissement contenant du tritium», explique-t-il. Le professeur suggère que lors du traitement par la compagnie ALPS ces eaux aient été diluées et se conforment aux normes.

De l’autre, il avance les inquiétudes résultant du manque d’informations communiquées à la société.

«La communauté a appris le rejet de l’eau contenant du tritium par des médias qui citent des experts y voyant une menace écologique.»

Selon lui, la crainte au sein de la société n'est pas un bon signe. Il rappelle que le pays ne manque aucunement de produits alimentaires qui sont d’ailleurs exubérants et qu’il n’y a par conséquent nul besoin de prendre des risques en achetant des poissons pêchés dans des eaux qui inspirent le moindre doute.

Il explique également que plus les autorités affichent leur proximité avec les pêcheurs et parlent des rumeurs nuisant à leur réputation, plus régnera l’impression que les responsables accusent les consommateurs de ne pas acheter des poissons.

«Ainsi, le gouvernement critique les simples citoyens, éloignant davantage les pêcheurs du peuple. Et les pêcheurs se prononcent contre l’évacuation de l’eau contenant du tritium pour ne pas se retrouver une fois de plus responsables».
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