Un homme libéré de prison au printemps 2020 du fait des mesures sanitaires, qui n’avait pas encore purgé sa peine, est soupçonné aujourd’hui d’avoir récidivé six mois après et violé une mineure de 17 ans dans l’Isère, relate l'antenne locale de France bleu.
En pleine première vague de coronavirus, la justice française avait en effet pris la décision de libérer progressivement une partie des détenus afin de prévenir l’éclatement d’infections dans les établissements pénitentiaires souffrant déjà de surpeuplement.
Parmi les personnes qui ont pu profiter de cette mesure, ceux en fin de peine et considérés comme non dangereux pour leurs proches, se trouvait un détenu de la prison de Lyon-Corbas, où le taux d’occupation était de 130%. Il y avait été incarcéré en décembre 2018 pour quatre ans pour des faits de violences et agressions sexuelles sur sa compagne.
Or, actuellement, l’homme est placé en détention provisoire depuis qu’il a été mis en examen pour des faits survenus six mois après sa libération anticipée: un «viol sur mineur de plus de 15 ans» ainsi que des «menaces de mort avec ordre de remplir une condition».
«Le risque de récidive n’était pas exclu»
Selon l’avocat de la jeune fille, Me Rajon, dans la décision de libération à compter du 4 mai, «il est clairement indiqué que le risque de récidive n’était pas exclu».
En outre, toujours selon le cabinet de l’avocat, il présentait des «tendances au passage à l'acte hétéro-agressif» et «sa détention était émaillée de quatre incidents».
Pas de confiance en la justice
Au micro de RMC, le père de la victime avoue sa «colère» et sa «douleur», ainsi que le fait d’être pris «aux tripes» par l’affaire.
«Comment on peut libérer des individus d’une extrême violence? Combien de criminels errent encore dans nos rues?», s’est-il interrogé.
Bien que sa fille soit traumatisée, «elle veut combattre» et «ne veut pas que cela soit passé sous silence», poursuit le père de la jeune fille qui, connaissant l’identité de son violeur, a décidé de porter plainte subitement après les faits.
«Je n’ai plus du tout confiance, on ne peut pas avoir confiance, ce n’est pas possible après ce qu’il s’est passé. On nous ment, la justice ne fait pas son travail et c’est nous qui en subissons les conséquences, du moins par notre fille», confie pour sa part la mère de la victime.
Tout en dénonçant un «scandale judiciaire», la famille va intenter un recours ce 13 avril contre l'État pour faute lourde devant le tribunal judiciaire de Paris.
Situation dans les prisons françaises
Exposés depuis des années au surpeuplement, en mars 2020, avant les libérations anticipées, les établissements pénitentiaires comptaient au total 72.400 détenus. Au 1er avril 2020, 65.300 personnes étaient détenues pour 61.137 places opérationnelles, selon les chiffres de la Direction de l'administration pénitentiaire. Au 1er juillet, la population carcérale a été encore réduite pour atteindre 58.695 personnes.
À ce jour, les prisons dénombrent 64.405 détenus pour 60.775 places opérationnelles.