Sans touristes français ces commerçants espagnols n’arrivent pas à payer leurs charges

Les pays européens peinent toujours à définir leur calendrier de réouverture des frontières pour permettre une reprise du tourisme. Cette situation difficile est illustrée par Franceinfo qui donne l’exemple d’une petite commune espagnole très dépendante des Français.
Sputnik

La commune de Cadaqués, dans l’est de la Catalogne espagnole, d’ordinaire très prisée des Français, est quasiment déserte en ce début d’avril. Les Catalans ne peuvent pas se déplacer au-delà de leur communauté de commune, tandis que les Français sont absents à cause du confinement.

Ne s’y trouvent que de rares propriétaires de résidences secondaires. Ceux-ci apprécient le calme qui règne dans le village, mais pas les commerçants.

Une retraitée d’Honfleur raconte qu’en mars-avril habituellement il y a toujours du monde, mais pas cette année.

«Là, c’est carrément le désert. Et c’est bien agréable.»

Les commerçants pensent autrement

Mais ce qui réjouit ces estivants déçoit les commerçants et les restaurateurs.

Frédéric Creyssels, un restaurateur français installé ici depuis cinq ans et qui tire 70% de son chiffre d’affaires de la clientèle hexagonale, déplore auprès de Franceinfo ne pas avoir servi le moindre repas à 14 heures, le vendredi 9 avril. Mais les rares clients lui font plaisir.

«C’est toujours bon à prendre, mais ce n’est pas ça qui va nous permettre de payer les charges», regrette le restaurateur bien que des clients français viennent le soutenir par solidarité.

«On est un peu tous dans la même histoire, c’est important de faire travailler les restaurateurs», explique un de ces clients.

Une situation encore plus grave pour les hôteliers

La situation est pire encore pour les hôtels où les annulations s’enchaînent depuis vendredi 9 avril car les Catalans ne peuvent plus se déplacer au-delà de leur communauté de commune.

Le propriétaire d’un hôtel qui accueillait auparavant 50% de Barcelonais et 50% de Français témoigne à la chaîne publique n’avoir aucune réservation pour les prochains jours.

Pour l’heure, les commerçants espagnols suivent avec attention les mesures annoncées de l’autre côté de la frontière et espèrent le retour des Français à partir du mois de juin.

Un été touristique «normal» n’est pas garanti

Mais de l’autre côté de la frontière, Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, ne voit aucune garantie d’un été relativement «normal» du point de vue touristique, et ce même avec les progrès des campagnes de vaccination dans les pays européens.

«Moi, aujourd'hui, je ne sais pas vous dire à partir de quand on pourra reprendre des voyages en Europe», a-t-il dit dimanche 11 avril sur RTL et LCI.

«J'espère qu'on pourra le faire cet été», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne pouvait pas donner aujourd’hui de calendrier précis.

En attendant, les restaurants clandestins font la une de la presse française depuis mars alors que les bars et restaurants restent fermés depuis cinq mois et que leur réouverture en deux étapes n’est pas attendue avant mai et juin.

Sur l’ensemble de l’année 2020, les restaurants, cafés et bars confondus accusent une baisse de chiffre d’affaires de 38% (35,6 milliards d’euros), selon les calculs de la société d’études de marché NPD Group publiés en février.

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