Le Parlement devenu «chambre d’enregistrement»: le président du Sénat tacle de nouveau Macron

Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) déplore l’abaissement du rôle du Parlement à celui d’une «chambre d’enregistrement» qui adopte les ordonnances de l’exécutif. Selon lui, Macron tente de contourner le pouvoir législatif.
Sputnik

Invité sur LCI ce dimanche 11 avril, Gérard Larcher, qui a déjà critiqué Emmanuel Macron pour sa verticalité du pouvoir, dresse un nouveau constat: depuis le début du mandat présidentiel, la moitié des lois adoptées par le Parlement sont des ordonnances, c’est-à-dire, des lois adoptées sans avoir été discutées par le législateur.

«51% des textes ont été adoptés par voie d'ordonnance. Jamais depuis la fin de la guerre d’Algérie il n’y a eu autant d’ordonnances», déplore le président du Sénat (Les Républicains, LR).

«Depuis trois ans», nous voyons un Président qui tente de contourner le Parlement, s’insurge M.Larcher.

​Il réitère ses propos sur le Parlement devenu «chambre d'enregistrement». Fin mars, dans une interview au Parisien, il avait déjà eu l’occasion de signaler que «le Parlement n’est pas une chambre d’enregistrement».

Un vote «sur des décisions déjà prises»

En guise d’exemple, le président du Sénat cite la façon dont les nouvelles mesures sanitaires ont été adoptées le 1er avril, quand l’exécutif avait décidé de reconfiner la population métropolitaine pour quatre semaines.

«Le 1er avril, nous débattons sur les mesures décidées la veille par le Président de la République, comme si nous étions une chambre d'enregistrement», s’insurge-t-il.

Dans un climat de mécontentement et proche du boycott, ces mesures ont été finalement approuvées à 348 voix pour et 9 contre sur 577 députés. Plus tard, elles ont été adoptées devant un Sénat presque vide, à 39 votes pour, 2 contre et 4 abstentions sur 348 sénateurs.

Encore fin mars, dans l’interview accordée au Parisien, M.Larcher avait déjà critiqué une «République de l'oracle» et un «niveau de verticalité» inédit. Il avait fait part de son «impression d’un Président seul». «Nous avons toujours demandé que le Parlement débatte et soit associé à la prise de décision. Ce que l’on nous demande aujourd’hui, au-delà d’un débat toujours utile, c’est de voter sur des décisions déjà prises! Le Parlement n’est pas une chambre d’enregistrement», avait-il expliqué.

Le maintien des élections régionales

Sur un tout autre sujet, M.Larcher s’est dit favorable au maintien des élections régionales et départementales en juin, et que si le gouvernement présentait un projet de loi pour les reporter, il saisirait le Conseil constitutionnel. «On ne confine pas la démocratie. [...] La date d’une élection ne se décide pas en fonction d’une opportunité, mais de la loi et du respect de la Constitution», a souligné le président du Sénat.

L’exécutif avait confirmé la semaine dernière qu’il privilégiait «à ce stade» le maintien de ces dates. Des débats sur cette question devraient se tenir mardi à l’Assemblée et mercredi au Sénat.

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