À partir du 14 avril, il faudra attendre deux semaines de plus pour recevoir la seconde injection des vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna, a annoncé Olivier Véran samedi au Journal du dimanche (JDD). Le délai entre les deux doses passera de 28 à 42 jours, ce qui permettra, selon lui, de faire gagner 1,8 million d’injections sur la deuxième quinzaine de mai. Mais pourquoi n’avait-il pas pris cette décision plus tôt?
En effet, le 7 janvier dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) émettait un avis favorable pour passer le délai de 21 jours (le délai prescrit à l’époque) à 42 jours «afin d’élargir la couverture vaccinale des personnes prioritaires». Même décision du côté de Santé publique France quatre jours plus tard.
Le ministre avait d’ailleurs annoncé cette mesure à ce moment-là, avant de faire marche arrière le 26 janvier en annonçant que ce délai serait finalement maintenu à «trois ou quatre semaines». Il faisait alors face à l’opposition de l’Académie de médecine, qui conseillait de se conformer au schéma vaccinal prescrit par les fabricants, et à celle de l’Agence européenne du médicament (EMA) qui plaidait l’absence de données cliniques suffisantes sur l’efficacité de ces vaccins au-delà des 19 à 23 jours.
Ce revirement de situation a été relevé par le député Éric Ciotti, questeur de l’Assemblée nationale et conseiller des Alpes-Maritimes. Il déplore, comme l’avait fait le Rassemblement national, un «Waterloo vaccinal» par rapport au voisin britannique.
Le cas du Royaume-Uni
Désormais, le ministre de la Santé peut se baser sur davantage d’études sur les effets après une première injection. «L'âge moyen des personnes vaccinées baisse et le niveau d'immunité des moins de 70 ans est suffisant pour espacer les deux injections sans perte de chance. Les scientifiques estiment désormais avoir le recul suffisant, et beaucoup de nos voisins le font déjà», a-t-il plaidé auprès du JDD.
Concernant les «voisins», il peut citer le Royaume-Uni qui, affranchi de toute recommandation de l’instance européenne, avait fait le pari depuis le mois de décembre de retarder la deuxième dose de vaccin jusqu’à 12 semaines. Pari gagné, puisqu’à la date du 10 avril, le pays a pu proposer une première injection à 32 millions de personnes, tandis que près de sept millions ont reçu la seconde. En France, à la même date, ces chiffres s’élèvent respectivement à 10,7 et 3,6 millions.
Accélération
Pour accélérer davantage la vaccination, Olivier Véran a également autorisé d’interchanger les vaccins Pfizer et Moderna sur la même personne. «Ce ne sera pas la règle, mais ce ne sera pas un obstacle», a-t-il précisé. À partir de demain, lundi 12 avril, tous les Français de plus de 55 ans pourront se faire vacciner à l’AstraZeneca, dont la deuxième dose doit être un vaccin à ARN messager, 12 semaines après.
De plus, 200.000 doses de Johnson & Johnson sont attendues ce dimanche, et devront être distribuées dans les cabinets médicaux, infirmiers et les pharmacies, également pour les plus de 55 ans. Cette semaine, Jean Castex s’est félicité d’avoir atteint les 10 millions de vaccinés avant la mi-avril. Le gouvernement vise maintenant les 20 millions d’ici le 15 mai, et les 30 millions le 15 juin.