Le mois de mars historiquement chaud a provoqué l’éclosion anticipée des bourgeons de multiples cultures agricoles dans l’Hexagone, explique à BFM TV Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK.
«Il y a la vigne mais aussi toute l'arboriculture, les amandes, les pêches, les cerises, les abricots, les pommes, les mirabelles, les poires», détaille Serge Zaka. «À l'exception de l'Alsace et de l'extrême nord, tous les bourgeons avaient déjà éclos, soit 90% des productions agricoles».
Avec le dérèglement climatique et les hivers plus doux, les bourgeons ont tendance à éclore de plus en plus tôt, ce qui les rend moins résistants aux gels de printemps, également record cette année.
«Dès que le bourgeon a éclos, la moindre température négative abîme ou détruit le futur fruit», poursuit M.Zaka.
Cet événement climatique pourrait avoir des effets néfastes non seulement sur les agriculteurs mais aussi sur les consommateurs, pointe BFM TV. Dans la seule filière viticole, les pertes pourraient dépasser un milliard d’euros.
La catastrophe va toucher toutes les cultures dites pérennes, qu’il ne sera pas possible de replanter ou remplacer cette année.
Pour les Français, cette situation risque de faire augmenter les prix, en particulier sur les fruits, qui seront visiblement manquants sur le marché national et européen, met en garde l’agroclimatologue.
Toutefois, même si l’arrivée du froid est relativement bien anticipée, son influence dévastatrice est difficilement évitable:
«Il faut de la main d'œuvre pour installer des chaufferettes dans les vignes, il faut faire garder les enfants parce qu'on est en période de confinement, s'équiper en matériel d'aspersion pour arroser les plantations afin de former une croûte de glace qui va protéger les bourgeons... Même avertis, ça reste très compliqué pour les agriculteurs», indique Serge Zaka.
«Enveloppes exceptionnelles»
Le Président de la République a tenu à exprimer son soutien aux agriculteurs français sur Twitter.
Le Premier ministre Jean Castex, lui de son côté, a promis plus tôt dans la journée de répondre à cette crise agricole causée par le gel historiquement fort et destructeur. Le gouvernement compte débloquer «des enveloppes exceptionnelles» et «utiliser tous les moyens dont nous disposons en pareille circonstance, notamment par rapport aux charges», en mobilisant l’ensemble des acteurs économiques concernés.