Un ministre algérien fustige la France alors que les relations semblaient s’apaiser

Le ministre algérien du Travail et de la Sécurité sociale a lâché une pique contre la France, en pleine séance du Sénat. Signe que les relations franco-algériennes restent compliquées, malgré une période de réchauffement.
Sputnik

Après le report controversé de la visite de Jean Castex à Alger, les relations franco-algériennes viennent de subir une nouvelle secousse, suite aux déclarations d’El Hachemi Djaâboub, ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Le responsable algérien a en effet attaqué la France, au détour d’un débat sur le déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR), devant la chambre haute du parlement.

«Pour ce qui est du déficit de la CNR, je voudrais dire que toutes les caisses de retraites dans le monde souffrent. Je peux donner quelques chiffres qu’on peut vérifier sur Internet, notre ennemi traditionnel et éternel, la France, a un déficit de 44,4 milliards d’euros dans sa caisse des retraites», a-t-il ainsi lâché devant les sénateurs.

El Hachemi Djaâboub a poursuivi son raisonnement en se félicitant que l’Algérie ne se situe «pas à ce niveau de déficit».

Alger souffle le chaud et le froid

Les relations franco-algériennes semblaient pourtant s’être apaisées ces dernières semaines, dans le sillage des déclarations de divers hommes politiques.

Le 2 avril, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune avait ainsi déclaré en conférence de presse que son pays n’avait «actuellement aucun problème avec la France». Il avait en outre salué les propos d’Emmanuel Macron, qui avait qualifié la colonisation française «de crime contre l’humanité» en 2017. Lors d’une autre conférence début mars, Abdelmadjid Tebboune avait également affirmé vouloir traiter les sujets mémoriels «avec intelligence et dans le calme».

Le 8 avril, la mémoire et l’histoire étaient encore au centre de débats avec la rencontre entre les chefs d’état-major des deux armées, Saïd Chengriha et François Lecointre. Les deux responsables avaient entre autres discuté de la réhabilitation des sites d’essais nucléaires français.

Mais des turbulences sont venues perturber cette période de réchauffement, ces derniers jours. L’annulation de la visite de Jean Castex à Alger, prévue le 11 avril, a notamment fait planer quelques nuages sur les relations franco-algériennes. Si ce report sine die est officiellement imputé à des raisons sanitaires, la diplomatie y a aussi joué un rôle. Les autorités algériennes se sont ainsi montrées déçues du format réduit de la délégation française, rapporte l’AFP citant des sources proches du dossier.

Fin mars, le rapport commandé par Macron à l’historien Benjamin Stora en vue de «réconcilier les mémoires» avait également fait jaser du côté d’Alger. Le document avait en particulier été qualifié de «rapport franco-français» par Abdelmadjid Chikhi, directeur général des Archives nationales.

Dans le sillage de ce rapport, Emmanuel Macron avait pourtant multiplié les gestes à l’attention de l’Algérie, proposant notamment de faciliter l’accès à certaines archives classifiées. Début mars, le chef de l’État français avait également reconnu l’assassinat par la France d’Ali Boumendjel, avocat et militant politique algérien.

Côté algérien, ce retour en force des sujets mémoriels peut aussi être expliqué par un contexte économique et social difficile. Les conséquences de la crise sanitaire forçant les autorités à «rassembler les Algériens autour d’un objectif commun qui est celui de la préservation de l’unité et de l’indépendance nationale», comme l’explique à Sputnik Brahim Oumansour, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

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