Alger réclame le soutien de Paris pour régler le contentieux nucléaire

Le chef de l'armée algérienne, Saïd Chengriha, a sollicité l'assistance de Paris pour la «réhabilitation» des sites des essais nucléaires français au Sahara il y a 60 ans, lors d'une rencontre avec son homologue français, le général François Lecointre, jeudi à Alger.
Sputnik

Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) a reçu le général Lecointre au cours d'un déplacement non annoncé, avant la visite prévue du Premier ministre Jean Castex dimanche à Alger.

À l'occasion de l'entretien, le général de corps d'Armée algérien a évoqué «la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d'essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker» dans le sud du pays, selon un communiqué du ministère de la Défense nationale cité par l'Algérie Presse Service (APS).

Alger considère que la France doit «assumer ses responsabilités historiques» et «décontaminer» les sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien dans les années 1960.

La France, qui a colonisé l'Algérie de 1830 à 1962, a procédé au total à 17 essais nucléaires au Sahara algérien entre 1960 et 1966, sur les sites de Reggane puis d'In Ekker.

Onze d'entre eux, tous souterrains, sont postérieurs aux accords d'Évian de 1962, qui actaient la fin de la guerre d'indépendance de l'Algérie, mais une clause permettait à la France d'utiliser jusqu'en 1967 les sites du Sahara.

Le dossier des essais nucléaires est l'un des principaux contentieux mémoriels entre Alger et Paris.

«Je tiens à évoquer la problématique des négociations au sein du Groupe algéro-français au sujet des anciens sites d'essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17e session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In Ekker», a précisé le haut gradé algérien.

Localisation des zones d'enfouissement

Alger souhaite également l'aide de la France «pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d'enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques», a ajouté le général Chengriha.

Les deux chefs d'état-major ont également discuté de «l'état de la coopération militaire entre les deux pays et échangé les analyses et points de vue sur les questions d'intérêt commun». Parmi ces questions, figure la crise au Sahel et la lutte contre la menace djihadiste.

À l'approche du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie qui a eu lieu le 5 juillet 1962, le Président Emmanuel Macron a engagé une série d'«actes symboliques» afin de «réconcilier les mémoires» et d'esquisser une normalisation dans une relation qui reste complexe et passionnelle.

Il a notamment reconnu, «au nom de la France», que l'avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été «torturé et assassiné» par l'armée française et décidé de faciliter l'accès aux archives classifiées sur la guerre d'Algérie.

Alger réclame de son côté la restitution des archives liées à la colonisation et «toute la lumière» sur les disparus algériens durant la guerre, qu'il estime à 2.200, ainsi que l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien.

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