Subvention controversée à la mosquée de Strasbourg: la préfète saisit la justice

La préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier a décidé mardi de saisir le tribunal administratif de la «délibération litigieuse» du conseil municipal de Strasbourg qui a voté le principe d'une subvention de plus de 2,5 millions d'euros pour la construction d'une mosquée, a annoncé la préfecture dans un communiqué.
Sputnik

Le vote du Conseil municipal le 22 mars avait suscité une vive réaction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a reproché à la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian de financer une «ingérence étrangère», en l'occurrence celle de la Turquie, sur le sol français.

Le ministre a également reproché à l'association Millî Görüs, qui porte le projet, de ne pas avoir signé en janvier la «Charte des principes de l'islam de France».

«Les échanges de courriers récents entre la préfète du Bas-Rhin et la maire de Strasbourg» n'ont «pas permis d'aboutir au retrait de la délibération du conseil municipal», a indiqué de son côté la préfecture, annonçant que Mme Chevalier avait donc «décidé de déférer la délibération litigieuse au tribunal administratif de Strasbourg».

«Il s'agit donc d'obtenir l'annulation de la délibération du conseil municipal dont nous contestons la légalité», a indiqué la préfecture à l'AFP sans plus de précisions sur les moyens invoqués.

Millî Görüs a récusé les accusations «infondées»

La préfecture rappelle que la subvention, qui devait être encore confirmée par un second vote du Conseil municipal, est destinée à la Confédération islamique du Milli Görüs (CIMG) qui conduit le projet de la Grande Mosquée Eyyub Sultan, en cours de construction à Strasbourg.

L'annonce de cette décision intervient alors que Millî Görüs a vivement récusé mardi les accusations «infondées» d'allégeance à Ankara ou de «séparatisme», lors d'une conférence de presse dans la capitale alsacienne.

Se disant «particulièrement affecté» par les «nombreuses accusations» portées contre elle-même et son projet de mosquée, le président du futur lieu de culte et de la CIMG Est, Eyüp Sahin, a estimé que cela n'était «pas tolérable dans un grand pays comme la France».

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait jugé jeudi que Millî Görüs allait «à l'encontre des valeurs de la République» et n'avait «pas vocation à organiser des activités, à exister dans la République», sans toutefois annoncer la dissolution de cette organisation.

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