Alors que le hashtag #saccageparis fait le tour des réseaux sociaux, donnant une voix au mouvement d’internautes mécontents de saleté de la capitale française, le premier adjoint au maire évoque la nécessité d’augmenter les impôts pour «sanctionner beaucoup plus durement ces incivilités», insistant pour que soient donnés «plus de pouvoirs aux communes».
Pour lui, le mécontentement lié à ce hashtag sur Internet est révélateur de «l’exaspération des citoyens face aux incivilités».
«L’exaspération des citoyens face aux incivilités, face aux gens qui vident leur cave dans la rue, face aux tagueurs, face aux stickers, face aux gens qui dégradent le mobilier urbain, cette exaspération elle est évidemment la nôtre parce qu’on est aussi des Parisiens, nous vivons à Paris», a détaillé Emmanuel Grégoire, premier adjoint au maire de Paris, au micro de RTL.
«Elle est la nôtre parce que nous dépensons des sommes phénoménales pour essayer de contrebalancer ça. Il faut donner plus de pouvoirs aux communes pour pouvoir augmenter les impôts pour sanctionner beaucoup plus durement ces incivilités», a-t-il ajouté.
Tout en considérant la répression «extrêmement utile pour les comportements les plus délictueux», il affirme que la mairie ne se limite pas à des mesures punitives pour lutter contre les incivilités.
«Mais c’est vrai que c’est aussi par l’éducation et par l’organisation des services publics que nous essayons d’améliorer la situation.»
Incivilités en baisse sur fond de confinement
Avec les mesures de confinement et déconfinement qui se sont enchaînées en France en 2020 dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, entraînant de ce fait moins de gens dans les rues, le total des procès-verbaux dressés pour incivilité à Paris a diminué d’environ 7.000 cas.
Si en 2019, les agents de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) ont dressé 123.622 contraventions pour incivilité, en 2020 ce chiffre a baissé jusqu’à près de 115.000 PV.
La DPSP de la mairie de Paris, qui compte quelque 3.200 agents municipaux, a été créée en 2016 et habilitée à verbaliser dans un certain nombre de domaines, dont les dépôts irréguliers, la collecte des ordures ménagères, les déjections canines, les divagations d’animaux, les épanchements d’urine, les nuisances sonores, les terrasses-étalages, le règlement des espaces verts, les marchés, les chantiers et l’occupation de la voie publique.
Quand Hidalgo voulait augmenter les amendes
En février 2020, Anne Hidalgo avait déjà annoncé son intention de lutter contre les incivilités dans la capitale. Elle affirmait notamment que si elle était réélue, elle prévoyait d’aborder la question d’une augmentation du montant des amendes pour incivilité dans le cadre de la prochaine loi de décentralisation.
Lors de la présentation de son projet pour Paris le 6 février, elle a notamment évoqué certains chiffres, assurant qu’elle voulait augmenter des amendes pour le jet de mégot jusqu’à 150 euros contre 68 euros actuellement, ou encore jusqu’à 500 euros dans le cas de dépôt sauvage d’encombrants.
Campagne sur les réseaux sociaux
Le hashtag lancé il y a quelques jours sur le compte @panamepropre a récolté des dizaines des soutiens et relancé la polémique sur la propreté de la ville. «En lançant #saccageparis, je ne pensais que cela prendrait cette ampleur», a avoué l’homme derrière cette idée sur son compte Twitter.
Certains des internautes qui se sont dits d’accord avec le problème de saleté dans les rues de la capitale, ont notamment évoqué le fait que, d’après eux, la ville se dégrade depuis qu’Anne Hidalgo en est devenue maire.
Selon l’organisateur de ce mouvement spontané sur les réseaux sociaux, qui a avoué être Parisien depuis 20 ans, ils seraient des milliers de Parisiens ordinaires «à dire stop!».
«J'avais fini par m'habituer, jusqu'au jour où j'ai pris conscience de l'ampleur de la dégradation de notre ville. Outre les problèmes de propreté et de salubrité, il y a aussi les atteintes au patrimoine», indique-t-il dans son interview au Parisien, sous couvert d’anonymat.
La ville réagit
Dans leur réaction à ces accusations, qualifiées par la ville sur son compte Twitter de «campagne de dénigrement», les autorités ont reconnu l’existence dans la capitale de ce problème, qui selon elles touche «toutes les villes de France». Elles ont argué que le personnel continuait à faire son travail, mais en nombre réduit à cause de l’épidémie.
«Les effectifs des agents de la propreté sont actuellement réduits de 10% en raison de la propagation du virus Covid-19 (cas contact ou agents porteurs).»
En outre, les autorités ont dénoncées certaines photos publiées sous le hashtag en question, en affirmant qu’elles avaient été prises avant le passage des équipes de nettoyage ou il y a longtemps.
«Néanmoins, certaines photos postées sont anciennes ou prises avant le passage des équipes de la propreté, particulièrement investies. 2500 agents interviennent tous les jours, plusieurs fois par jour, dans tout Paris.»