La préfecture s’oppose à la vente d’une ancienne école de Nanterre à un prix «abracadabrantesque» pour une mosquée

Le conseil municipal de Nanterre du 22 mars a acté la cession d’une ancienne école à un propriétaire de mosquée. La préfecture estime que le prix de vente est trop bas et engage un recours gracieux.
Sputnik

La cession d’une école désaffectée à la mosquée de l’avenue Georges-Clemenceau à Nanterre (Hauts-de-Seine) s’est heurtée au veto de la préfecture. Celle-ci a lancé un recours gracieux, le prix de vente de 2,7 millions d’euros étant bien inférieur à l’estimation de France Domaine, relate Le Parisien.

Le 22 mars, la mairie (DVG) a voté l’agrandissement de la mosquée dans les locaux d’une ancienne école attenante, un bâtiment classé du début du XXe siècle.

Un rabais «abracadabrantesque»

Le quotidien indique que le projet a été validé par une écrasante majorité des élus, mais certains groupes d'opposition ont manifesté leur désapprobation. «Nanterre ensemble», dirigé par Camille Bedin (LR), s'est ainsi abstenu de vote, jugeant que la mairie proposait «un prix au rabais abracadabrantesque» à l'Institut Ibn Badis, propriétaire de la mosquée.

L’abattement de 45% accordé pour les travaux à effectuer dans l’ancienne école a suscité l’étonnement de la préfecture des Hauts-de-Seine qui a demandé à la municipalité de le justifier dans le courrier de recours gracieux.

Selon les informations du Parisien, France Domaine, la direction de l'immobilier de l'État, a en effet estimé le prix de vente du bien à 4,o65 millions d'euros après «application d'un abattement forfaitaire de 25% pour travaux». La réduction étant ainsi de 2,475 millions d'euros.

«L'abattement nous paraît assez important. On demande à la mairie de nous l'expliquer pour voir si c'est bien régulier. Il ne faut pas qu'il y ait une dépréciation injustifiée de la collectivité publique», a écrit la préfecture au sujet du calcul du montant de la cession.

Explications de la mairie

La mairie affirme n'avoir pas encore reçu le courrier de la préfecture. Mais Kader Selmet, maire adjoint aux cultes, assure que le bâtiment nécessite bien «des travaux de grande ampleur d'une durée de 15 à 24 mois» et que le calcul a été réalisé en fonction du montant indicatif de France Domaine et du devis de l'architecte d'Ibn Badis.

«Notre chiffrage a ainsi retenu un montant des travaux de 2.475.000 euros», détaille-t-il au quotidien.

L’association Ibn Badis explique que le montant se base sur un rapport d’architecte mandaté.

«Je n'ai pas l'impression que la mairie nous fasse une fleur», signale Rachid Abdouni, président de l’association.

Et d’énumérer les travaux à entreprendre: les briques abîmées, des fenêtres délabrées, des menuiseries à refaire, traiter le plomb et élaguer les arbres entre autres.

«C'est un vieux local en train de se tasser qui doit être entièrement réhabilité», insiste-t-il.

Doubler la capacité d’accueil

Il ne cache pas cependant son intérêt d’acquérir le bâtiment étant donné la surfréquentation de la mosquée capable d’accueillir 1.399 fidèles.

«Avec l'école, on pourrait recevoir 1.500 personnes supplémentaires», reconnaît Rachid Abdouni.

«L'institut Ibn Badis va respecter la dimension patrimoniale de l'école. Il tient par exemple à rénover l'inscription liberté, égalité, fraternité sur la façade. C'est important pour lui», a-t-il ajouté au Parisien.

Discuter