Fin février, le micro-État de Saint-Marin a reçu ses premières doses de Spoutnik V, quatre jours après en avoir autorisé l’utilisation. Après environ un mois de vaccination et de suivi des patients, les autorités sanitaires ont dressé un premier bilan auprès de France 2. D’ici fin mai, toute la population adulte, soit 29.000 personnes, pourrait être vaccinée.
L’étude médicale indique dans un premier temps que «les effets indésirables sont peu nombreux», précise la chaîne.
«Les premiers résultats sont très positifs, ils montrent un bon niveau d’efficacité du vaccin, une bonne réponse immunitaire», a déclaré Sergio Ramini, directeur de la sécurité sanitaire de Saint-Marin.
Puisque cet État ne fait pas partie de l’Union européenne, un petit comité scientifique a suffi à autoriser le vaccin sur le territoire, sans attendre la décision de l’Agence européenne du médicament. Depuis, la Serbie a décidé d’en produire sur son sol, tandis que la Moldavie, la Slovaquie, la République tchèque, la Macédoine du Nord et la Hongrie l’ont autorisé.
Mesure d’urgence
Le Washington Post s’est également intéressé à cet État particulier, où la population parle italien, paie en euros, partage des frontières à peine perceptibles avec l’Italie, sans en faire partie. Le micro-État a dans un premier temps compté sur son unique voisin, et donc sur l’Europe, pour se fournir en vaccins. Un accord prévoyait que Rome lui fournisse 1/1700e des doses fournies par le continent.
Au-delà de la lenteur des livraisons, Saint-Marin s’est rapidement heurté à la colère de sa population et de ses soignants, ces derniers ayant menacé de quitter leur poste face la troisième vague de l’épidémie. En février, le gouvernement a pris les devants et s’est tourné vers la Russie. Le Spoutnik V, dont l’efficacité venait d’être saluée par la revue The Lancet, s’avérait moins cher et plus facile à conserver que le Pfizer.
«Un plan B que l’Europe n’a pas»
Aujourd’hui, avec 85% de Spoutnik V et 15% de Pfizer reçu d’Italie, Saint-Marin a vacciné 30% de sa population, parmi lesquels son personnel soignant et les personnes les plus âgées, ce qui aurait permis d’éviter une forte troisième vague et la saturation de son unique hôpital, indique le Washington Post. Le reste des Saint-Marinais peut espérer recevoir une dose d’ici deux mois. À quelques kilomètres de là, les jeunes Italiens n’espèrent pas une première injection avant l’été.
En effet, même si l’Italie a affirmé sa volonté d’utiliser le vaccin russe, elle ne le fera pas sans l’accord de l’Agence européenne des médicaments. Une validation qui ne pourrait arriver que début juin, au plus tôt, d’après une récente déclaration du secrétaire d’État Clément Beaune. En Italie, maires et autres élus près de Saint-Marin réclament eux aussi que le Spoutnik V soit autorisé sans plus attendre.
«J’applaudis Saint-Marin. Ils ont trouvé un plan B que l’Europe n’a pas», a salué Domenica Spinelli, maire de la commune de Coriano, située à 15 kilomètres de Saint-Marin.
D’après le journal américain, des centaines d’Italiens ont tenté, en vain, d’obtenir leur dose à Saint-Marin, parfois avec de fausses cartes d’identité.
Gianmaria Castaldo, un Italien propriétaire d’un hôtel à proximité du micro-État, a reconnu auprès du Washington Post un certain sentiment de jalousie, et a affirmé que certains habitants perdaient espoir quant à la campagne nationale de vaccination. Il craint en particulier un nouveau revers pour la saison touristique: «Si la solution est un vaccin russe, prenons-le».