Une statue dédiée au mouvement Black Lives Matter a été démontée le 1er avril au matin à Budapest, en Hongrie, un jour seulement après son inauguration, relate le média hongrois Telex.
Imprimée en 3D, la sculpture aux couleurs arc-en-ciel, d'une hauteur de près d’un mètre, représentait la statue de la Liberté de New York en train de plier le genou et de lever son poing droit en l'air. Elle fait référence au geste du footballeur américain Colin Kaepernick, qui est devenu un symbole du mouvement antiraciste.
Devant dénoncer des problèmes soulevés par le mouvement BLM et les préjugés sur les LGBTQ, elle était censée rester en place jusqu'au 14 avril mais n’a tenu que quelques heures.
Un acte attendu
La sculpture a été renversée vers 8h30 vendredi. Selon le correspondant de Telex sur place, près de dix voitures de police ont été mobilisées en raison du rassemblement des militants malgré les règles épidémiologiques. Le média précise que les auteurs des faits ne voulaient pas fuir la police et n’ont pas été verbalisés.
L’auteur de la statue, Péter Szalay, a avoué sur Euronews qu'il s’attendait à ce qu’elle soit détruite. En effet, l’idée de son érection avait suscité un tollé dès le début, lorsqu’elle avait remporté un appel d'offres et un concours artistique pour la décoration du neuvième arrondissement de la capitale hongroise. Notre patrie, un parti politique hongrois nationaliste, avait promis d'empêcher son érection.
Hostilité à l’égard des migrants
Le ministre hongrois de la Chancellerie, Gergely Gulyás, avait déclaré en décembre que le mouvement américain Black Lives Matter était essentiellement un mouvement raciste qui ne reconnaît pas l'égalité, rappelle le média Daily News Hungary. Par conséquent, selon lui, le raciste n'est pas celui qui s'oppose à l'érection d'une telle statue mais celui qui l’érige.
La Hongrie avait précédemment exprimé son position ferme à l’égard des migrants. Pour endiguer le flux de personnes souhaitant pénétrer dans l’espace Schengen et rejoindre l’Europe de l’Ouest, elle avait érigé en 2016 une clôture le long de sa frontière serbe et une partie de sa frontière croate. En effet, en 2015, plus de 400.000 migrants avaient traversé la Hongrie dans leur route vers l’Europe.
L’intérêt pour la cause de Black Lives Matter n’est pas aussi ardent en Hongrie que dans d’autres pays hors des États-Unis, à l'instar du Royaume-Uni ou encore de la France. Un millier de personnes s'étaient néanmoins réunies à Budapest en juin 2020 pour la manifestation BLM devant l'ambassade des États-Unis en solidarité avec les protestataires opposés aux violences policières considérées comme racistes.