En janvier dernier, Fouzia Dermoun avait acheté au supermarché Leclerc dans le quartier du Stockfeld, à Strasbourg, une baguette et une patate douce pendant son temps de pause, ce qui est interdit par le règlement intérieur. Cette faute lui a valu un licenciement pour faute grave, mais la caissière estime que cette raison n’est pas suffisante.
«On me reproche d'avoir abandonné mon poste. Ce qui est faux», affirme-t-elle à France 3, indiquant que son ticket de caisse prouve que l’achat a été effectué pendant son temps de pause. «Je suis tombée des nues quand j'ai appris que j'étais licenciée par rapport à cela».
Plusieurs collègues affirment auprès du média que «faire quelques courses pendant sa pause est courant» dans le milieu. «Dans ce cas, il faudrait virer tout le monde du magasin», s’indigne l’une d’elles.
L’employée travaillait dans ce supermarché depuis mars 2020, au début de la crise sanitaire. Elle a obtenu son CDD en septembre, puis son CDI le mois suivant. «Il faudrait juste qu'ils reconnaissent que c'est une erreur […] pendant un an, [elle] s'est donnée corps et âme pour cette boîte», plaide son conjoint.
Code du Travail
Fouzia Dermoun a décidé d’entamer une procédure aux prud’hommes. «Le temps de pause est un temps réservé au salarié où il n’est plus rattaché par son lien de travail, il est donc libre d’en faire ce qu’il veut», explique auprès d’Actu Strasbourg Carole Desiano, secrétaire fédérale en charge du secteur de la grande distribution au syndicat Force Ouvrière.
Le groupe Leclerc précise sur Twitter avoir «mandaté un expert en droit du travail afin de clarifier les faits et le respect du code du travail». Interrogé par France 3, Wilson Martinez, secrétaire général CGT du commerce et des services du Bas-Rhin, déplore que «les lois Macron permettent malheureusement aux patrons d’avoir toute cette puissance. Ils sont prêts à payer, même s’ils vont perdre. Ce qui compte, c'est que son salarié ne sera plus comptabilisé dans le personnel».
Barème Macron
En effet, le Code du Travail a été réformé en septembre 2017, à la demande du Président de la République, et l’une de ses ordonnances fixe les indemnités minimales et maximales accordées aux prud’hommes en cas de licenciement abusif, également appelées «barème Macron». À l’origine, la mesure visait à permettre aux employeurs de calculer et ainsi d’anticiper le coût d’un licenciement.
Dans ce cas précis, Mme Dermoun ne pourrait prétendre qu’à une indemnité équivalente à deux mois de salaire brut.
«Le barème apporte une prévisibilité qui permettra de lever cette incertitude et de libérer la création d’emplois dans notre pays», indiquait le dossier de presse publié par le gouvernement lors de la présentation de la nouvelle loi.